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Jésus, le Verbe fait chair, est né dans la nuit à Bethléem pour que les hommes renaissent de nouveau, de l’eau et de l’Esprit, afin de vivre en enfants de Dieu, fils de Lumière.

Notre existence porte la trace des rencontres heureuses et malheureuses. Cela qui reste vrai des rencontres humaines concerne aussi nos liens avec Dieu. Le prologue de saint Jean fait resplendir la volonté de Dieu pour tout homme. Dieu est lumière et il éclaire « tout homme en venant dans ce monde ». Le Verbe de Dieu, sagesse cachée dans l’amour du Père, agit en père et professeur qui enseigne le chemin de la paix à chaque créature. L’Esprit Saint ignore les frontières. Il rejoint l’esprit de chaque enfant, de chaque femme et de chaque homme pour l’éclairer sur le mystère de Dieu, en donnant à chacun de manière mystérieuse d’entrevoir et de goûter l’amour divin à travers le livre de la création, la Bible, la prière et les relations humaines. L’Esprit Saint, le maître intérieur des âmes, connaît chacun mieux que les personnes ne se connaissent elles-mêmes. Souffle, mouvement de vie, l’Esprit de Dieu tourne les cœurs vers Jésus et vers le Père.

Mystique de la lumière et de l’amour divins, saint Jean décrit aussi la tragédie humaine : « Le Verbe de Dieu est venu chez lui dans le monde et les siens ne l’ont pas reçu ».

À Bethléem il n’y avait pas de place pour Jésus. Il est né dans une grotte. Pas de place pour Dieu non plus dans les cœurs : « La lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn 3, 19).

En venant dans le monde, le Fils de Dieu se heurte aux cœurs fermés à cause de l’orgueil. Pour Dieu, l’accès à l’âme de ses créatures bien aimées reste difficile. Le malin inocule dans les pensées le soupçon sur Dieu. Les cœurs se protègent par rapport à une image redoutable et jalouse de Dieu. Barrières, masques, fermeture, voilà ce que Dieu trouve souvent quand il vient à la rencontre de l’homme. Car c’est bien Dieu qui avance à la rencontre de l’homme plutôt que l’homme ne va à la rencontre de Dieu. Dieu aime toujours le premier. « Tu ne chercherais pas Dieu si tu ne l’avais pas déjà trouvé », s’exclamait saint Augustin (+430). En effet, les assoiffés de Dieu cherchent, ayant goûté un peu en eux, l’amour divin qui dépasse toute connaissance.

Folie de l’homme qui préfère la matière à son Créateur, les ténèbres du mal à la lumière du Verbe fait chair ! En ces jours de Noël, nos rues sont illuminées mais nos cœurs risquent de noircir en mettant Dieu de côté ou à la porte.

« Mais à tous ceux qui l’ont reçu, le Verbe a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, par la foi ». Voilà le mystère extraordinaire de Noël. Le Fils de Dieu s’est fait homme pour que les hommes deviennent Dieu par participation. Jésus, qui n’a pas eu honte de naître dans une grotte, lieu sans propreté ni lumière, n’a pas honte non plus de naître dans nos cœurs, pas toujours très propres ni bien inspirés.

Jésus veut naître dans nos cœurs. Comment ? Par la foi. Par la foi, nous accueillons le Fils de Dieu dans nos vies.

Ne nous laissons pas voler la joie de renaître de l’eau et de l’Esprit Saint ! Si nos péchés sont rouges comme l’écarlate ou noirs comme une nuit sans la présence de la lune, Dieu crée en nous un cœur nouveau et un esprit nouveau.

Il y a des réalités et des projets qui dépassent nos moyens personnels. Mais nous pouvons tous croire et aimer.

Si ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur. Si la Loi te condamne, « la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ».

Imitons les bergers de Bethléem, ignorants, méprisés par les savants, ayant souvent une mauvaise réputation de voleurs d’agneaux non déclarés au patron, ce sont eux, enveloppés de la clarté de la gloire de Dieu,  qui ont cru à l’annonce de l’Ange et qui se sont rendus auprès de Marie, de Joseph et de l’Enfant-Dieu. Premiers apôtres de la Bonne Nouvelle de la naissance du Sauveur, ils ont fait connaître ce grand mystère.

Ce ne sont pas les gens bien-pensants ni les autorités juives ou romaines qui se sont rendus à la crèche de Bethléem. Dieu a choisi les pauvres pour manifester sa gloire.

En ce jour de Noël, demandons à Dieu la grâce de la foi qui fait renaître. Le péché fait de nous des prisonniers qui disposent de la clé de la porte pour retrouver la liberté et l’ honneur. La clé c’est la foi. La porte, c’est Jésus. Sortons !

Si nos péchés nous accablent, souvenons-nous de l’apôtre Pierre qui avait renié Jésus au cours de son arrestation. Ressuscité d’entre les morts, Jésus va à la rencontre de Pierre. Il ne lui fait pas de reproches. Il ne lui dit pas de se tenir tranquille et de se faire oublier. Il le libère de sa culpabilité en lui posant la question fondamentale pour la vie de tout homme : « Pierre, m’aimes-tu ? ». La confession d’amour de Pierre efface son péché et il est établi comme pasteur de l’Église. Jésus lui refait confiance.

Frères et sœurs, puisse ce Jour de Noël, être aussi pour chacun d’entre nous une rencontre vivifiante avec Jésus, dans l’étreinte de la foi et de l’amour : « Seigneur à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68).

 

Solennité de la Nativité du Seigneur Jésus-Christ 25 décembre 2025 – Fr. Manuel RIVERO O.P. pour jevismafoi.com en partenariat avec Radio Arc en ciel