Prédication disponible en format audio.

Avoir grandi sans la présence du père représente une grande souffrance. L’absence du père fragilise souvent l’enfant qui n’a comme référence que le dévouement maternel sans le complément d’autorité et d’ouverture que le père devrait lui apporter. En prison, les jeunes délinquants évoquent souvent ce manque de soutien paternel, ils le regrettent et ils le recherchent.

ʺJe n’ai jamais dit « papa »ʺ, déclarent ces orphelins de père. Quand leurs enfants leur disent « papa », il leur arrive d’avoir des frissons.

Sur la terre, Jésus a eu un père, un père adoptif, Joseph.

« Tel père, tel fils », disons-nous souvent en constatant l’influence de l’éducation paternelle sur les actions de l’enfant. De son père Joseph, Jésus a reçu une éducation humaine, spirituelle et professionnelle. Combien de fois Jésus n’a-t-il pas prononcé le mot « abba », « papa », en s’adressant à son père Joseph ? C’est précisément ce mot « abba » de la langue araméenne, langue maternelle et paternelle de Jésus, qui deviendra la prière originale de Jésus à Gethsémani la veille de sa Passion. « Abba » sera aussi la prière de l’Esprit-Saint dans le cœur des chrétiens comme le décrit l’apôtre saint Paul dans les épîtres aux Romains (8,15-16) et aux Galates (4,6). Maître Eckhart, le grand mystique dominicain de l’École rhénane du XIV siècle, affirme que nous ne prions pas mais que « nous sommes priés », car ce n’est pas nous qui prions mais l’Esprit-Saint qui intercède pour nous dans des gémissements ineffables.

Si des enfants tremblent au souvenir violent de leur père, le mot « abba » évoquait pour Jésus la tendresse et l’amour fidèle de son père Joseph. C’est ce mot qu’il choisit pour s’adresser à Dieu son Père au jour de l’angoisse à l’approche du supplice de la croix: « Abba ! Père ! Éloigne de moi ce calice mais que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se fasse » (Mc 14, 36).

Malgré que Nazareth ne soit pas citée dans la Bible, sa synagogue possédait un rouleau important du prophète Isaïe comme le rappelle saint Luc l’évangéliste. Au cours de sa vie publique, Jésus  a imité le geste de son père dans la même synagogue de Nazareth en lisant en hébreu le passage du prophète Isaïe qu’il commenta en araméen pour proclamer son accomplissement : « L’Esprit du Seigneur repose sur moi. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres » (cf. Lc 4,16-21).

Prions « Abba, Père ! » dans l’Esprit-Saint !

Prions pour tous les pères afin qu’ils éduquent leurs enfants de manière intégrale, humainement et spirituellement, comme saint Joseph le fit envers Jésus.

Méditations Carême 2019 – Jeudi  21 mars 2019 – Fr. Manuel Rivero O.P.

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