Prédication disponible en format audio.
Chaque année à l’époque de Noël, il est de coutume dans nos églises d’exposer la crèche. Au cours de la veillée de Noël, l’enfant Jésus est porté par le prêtre qui le dépose dans la crèche. Après la célébration, les fidèles viennent se recueillir et prier. Après l’Epiphanie beaucoup entreprendront de faire le pèlerinage des 9 crèches, cette dévotion très répandue dans notre île et dans le monde, consiste à visiter 9 crèches dans 9 églises différentes. Certains peuvent qualifier cela de piété populaire, et dans certains cas, ces pratiques peuvent être éloignées de la foi, cela peut s’apparenter à du magico-religieux. Notre Saint Père le Pape François rappelle qu’il y a une piété populaire qui est bonne, et qu’il convient de mettre en valeur. C’est une réalité aujourd’hui, pas tous les croyants ont reçu une éducation religieuse et ont suivi des enseignements. Cela est plus répandu aujourd’hui, mais beaucoup d’aînés n’ont pas eu ce privilège.
On pourrait se poser la question pourquoi la crèche ? Ces figurines inanimées que peuvent-elles nous apprendre ? Tout d’abord ce que nous voyons, est une fresque, une représentation qui nous renvoie à une autre époque, un moment où l’histoire s’est figée, où la prophétie d’Isaïe s’est réalisée « un enfant nous est né, un fils nous est donné » Is 9,5 Cette nuit solennelle où Dieu s’est fait homme à travers un petit enfant, un innocent sans défense, un enfant qui comme tous les petits enfants a besoin qu’on lui donne le sein, qu’on change ses langes et qu’on le couvre de baisers. Cette représentation renvoie au plus grand évènement décrit dans la bible, après la naissance de Jésus rien ne sera plus jamais pareil.
Cet enfant, qui en venant au monde, soulève déjà l’hostilité du pouvoir en place, il aura un destin tragique, il finira cloué sur une croix, mais il accomplira l’œuvre la plus sublime qui soit en se livrant à une mort infâme : il rachètera par son sang des hommes de toutes races, langues, peuples et nations. Que vient-on contempler à travers ces belles crèches que les paroissiens ont si finement décoré ? Un Roi glorieux ? Un héros ? Non on vient pour voir un enfant nu couché sur de la paille, dans une grotte auprès de sa maman et de son papa avec des animaux tout autour. Ce qui frappe dans ces images c’est l’extrême dépouillement de ce lieu, on imagine sans peine l’odeur qui y régnait, mais aussi la paix et la joie de Marie et de Joseph. C’est l’image de la famille humaine, un jeune couple avec leur bébé, qui ressemble à tous les parents du monde qui reçoivent cet enfant comme un cadeau de Dieu. Ce climat je l’ai connu lorsque ma fille en début d’année est venue au monde dans une simple chambre d’hôpital, dépouillée de tout, nous vivions un moment unique en regardant cette enfant dormir dans les bras de sa maman. Auparavant nous étions à deux et maintenant nous sommes à trois, et ce moment là reste aussi figé dans ma mémoire.
Dans le cœur de chaque homme Dieu a gravé ce moment, nous n’étions pas là il y a deux milles ans, et il y a eu très peu de témoins, mais l’Espérance de Siméon le vieux prophète chacun la porte dans son cœur. En contemplant la crèche, nous nous laissons porter par l’Esprit à une autre époque, nous partageons ce moment intime avec Marie et Joseph, le silence et l’adoration s’imposent à ce moment, le temps ne compte plus. Préparons-nous ! Le vrai Noël est intérieur ! Loin de l’agitation des grandes surfaces et de la frénésie des cadeaux et de somptueux repas ! Quel est le danger qui se cache derrière cela ? C’est que Noël soit vidé de sens, que ce soit juste un prétexte à consommer, qui serait contraire à la pauvreté qui régnait dans cette étable et qui était voulue par Dieu. Combien de chrétiens souhaiteraient goûter à cette joie ? Pour y parvenir entrons en nous et faisons le seul vrai pèlerinage : celui du cœur ! Vrai chemin qui mène à Dieu !
Joyeux Noël à tous !
Fabrice Patsoumoudou, Laïc – Avent 2016 – Vendredi 23 décembre 2016