Prédication disponible en format audio.

Temps de Carême, temps de désert, temps de pénitence, mais surtout pas temps de tristesse… Bien au contraire… En effet, si « le mal tue l’impie » (Ps 33,22), s’il le plonge dans la tristesse, voilà ce que Dieu ne supporte pas, car tout homme créé «  à son image et ressemblance » est son enfant (Gn 1,26-28), et le seul désir de ce Père qui nous a tous lancés dans l’aventure de la vie est que tous, sans aucune exception, nous puissions connaître avec lui la Plénitude de la Vie et de la joie… « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11)… « Heureux celui qui garde ces paroles » (Ap 22,7)… 

          Si, comme le dit d’expérience le Psalmiste, « mes péchés me submergent, leur poids trop pesant m’écrase » (Ps 38(37),5), le seul désir de Dieu est « d’enlever » ce poids, conséquence directe des fautes commises. Dans la langue de Jésus, le mot « péché » peut désigner aussi bien l’acte commis, que les conséquences de cet acte : « Mon péché est trop lourd à porter » (Gn 4,13) dit Caïn après avoir tué son frère Abel. Or les premières paroles que dira Jean Baptiste pour présenter Jésus seront : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29).

          Les actes sont « enlevés », effacés, par ce Pardon surabondant qu’il est venu nous proposer. « Jusqu’à toi vient toute chair avec son poids de péché ; nos fautes ont dominé sur nous : toi, tu les pardonnes » (Ps 65(64),3-4). La Bible de Jérusalem a traduit : « Jusqu’à toi vient toute chair avec ses œuvres de péché ; nos fautes sont plus fortes que nous, mais toi, tu les effaces ». Telle est l’œuvre concrète du pardon : tout est effacé, il ne reste plus rien…

          Et pour ce qui est des conséquences de ces fautes, la Bible du Semeur traduit ainsi le Psaume 38(37) : « Mes fautes s’élèvent bien au-dessus de ma tête, elles sont un poids bien trop lourd pour moi… Triste, accablé, abattu, je me traîne tout le jour… Mes yeux ont perdu toute leur lumière… Oui, je reconnais ma faute, mon péché m’angoisse »… En effet, « souffrance et angoisse », angoisse de ne plus être aimé, « à toute âme humaine qui s’adonne au mal » (Rm 2,9), écrira St Paul. Mais si « un pauvre crie, le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses » (Ps 33,7). Et telle est toute l’œuvre du Christ… Pourtant, nous le méritons bien, « pour nous, c’est justice, nous payons nos actes » disait « le malfaiteur » crucifié avec lui (Lc 23,41). Mais l’Amour ne peut s’y résoudre. Alors, il est venu nous rejoindre dans notre condition humaine blessée, malade, souffrante, et il a pris sur lui toutes les conséquences de nos fautes et cela dans un seul but : nous en délivrer… « Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies » (Mt 8,17), toutes nos maladies, physiques, morales, spirituelles. « C’étaient nos péchés qu’en son propre corps il portait sur le bois, afin que morts à nos péchés, nous vivions pour la justice » (1P 2,24)…

          Alors, « venez à moi », nous dit-il, « vous tous qui peinez et ployez sous le poids » de vos fautes… Et nous sommes tous des pécheurs… Offrons-lui donc toutes les conséquences de nos misères, toutes nos souffrances, physiques et morales, et nous ne pourrons que constater qu’il dit vrai : « Vous trouverez soulagement pour vos âmes » (Mt 11,28-30), et nous savons bien que certaines souffrances intérieures, qui peuvent parfois être les conséquences directes de nos fautes, peuvent être indescriptibles… Si nous acceptons cette démarche, en vérité, l’Amour infini les « enlèvera », et nous vivrons nous aussi ce qu’a vécu autrefois le Psalmiste : « J’ai crié vers toi, Seigneur, j’ai supplié mon Dieu : « Écoute, Seigneur, pitié pour moi ! Seigneur, viens à mon aide ! » » Et… « tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie. Que mon cœur  ne se taise pas, qu’il soit en fête pour toi, et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce ! » (Ps 30(29). Oui, « qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage… Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge ! » (Ps 33,6.9).

          Pendant ce temps du Carême le Seigneur veut faire mourir en nous tout ce qui, dans nos existences, est source de mort, d’esclavages de toutes sortes, de tristesse, de peine, d’afflictions, de désespoir… Alors, que la mort meure, et ce sera la vie, la joie !

 

Jeudi 7 mars 2019 – Diacre Jacques Fournier

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