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Pardonner, c’est remettre les dettes (Mt. 18,23-35), c’est faire sortir de prison (Ps. 107, 23-30), c’est ramener les exilés sur leur terre (Is. 43,1-7).
Pardonner, c’est ouvrir les yeux et les oreilles (Is. 42,18-20 ; 43,8), c’est purifier et laver (Ps. 51,3-4), c’est guérir de la paralysie (Jn. 5,1-15), c’est réhabiliter, justifier (Rm. 3,23-24 ; 5,1 ; 8,33), c’est redonner sa place dans la communauté, comme Jésus le fait pour le lépreux guéri (Lc. 5,12-14).
Pardonner, c’est ressusciter, créer un homme neuf, ouvrir l’avenir.
Le pardon n’est pas simple rature sur le passé, liquidation du passif. C’est une création, le surgissement d’un être nouveau.
« Je vous rassemblerai… Je verserai sur vous une eau pure et vous serez purifiés.
De toutes vos souillures et de toutes vos ordures, je vous purifierai.
Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau :
J’enlèverai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair.
Je mettrai en vous mon Esprit
Et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous les mettiez en pratique »
(Ez. 36,24-27).
Le pardon est restauration de la confiance ou plutôt renouvellement de la confiance, nouveau départ sur de nouvelles bases.
La réconciliation intérieure avec soi-même est une tâche indispensable mais si ardue, si lente ; elle est toujours à refaire. C’est Dieu qui nous amène à la Réconciliation avec les autres.
Mais le Seigneur sait bien de quelle pâte nous sommes faits (Ps. 103-104), et combien il peut être difficile de réellement pardonner.
L’important est de le désirer et de se mettre en route, à son rythme. Là encore c’est Dieu qui réconcilie. Il faut adopter la patience de Dieu Lui-même.
Car pardonner ne signifie pas d’abord oublier. C’est surtout ne pas enfermer l’autre dans sa faute, croire qu’il est meilleur que ses actes peuvent le montrer, lui laisser encore ses chances, parier pour un avenir autre.
Pardonner, c’est laisser la porte ouverte, ne pas en rester à ce que l’autre a fait de mal.
Pardonner est plus facile quand on a eu soi-même besoin d’indulgence. Avoir conscience de ses propres fautes amène à pardonner les fautes des autres.
« Dieu nous a confié le ministère de la réconciliation… C’est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c’est Dieu lui-même qui en fait, vous adresse un appel pressant : Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconciliez avec Dieu » (2 Co.5,20).
Tout homme est pécheur et tout homme peut être sauvé : voilà les deux certitudes. 1Jn.3, 14 : « Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort » (la mort spirituelle bien sûr)…
Si nous laissons le pardon de Dieu purifier notre cœur, au quotidien, nous serons des instruments de l’Esprit-Saint pour la Réconciliation. Celui ou celle qui fait la paix, en soi-même et autour de soi, porte le pardon de Dieu (Jac. 5,15-19-20) :
« Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’égare loin de la vérité et qu’un autre l’y ramène, qu’il le sache : celui qui ramène un pécheur de son égarement sauve son âme de la mort et couvrira une multitude de péchés ».
S’il ne peut regretter ses actes et avouer qu’il mérite de mourir sur la croix, le bon larron s’adresse, plein de confiance à Jésus : « Jésus, souviens toi de moi, lorsque tu viendras avec ton Royaume ». A quoi Jésus répond par ces paroles admirables : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».
On ne peut donc parler de miséricorde sans parler du pardon.
Le pardon est sans contredit la trame de fond sur laquelle vibre la miséricorde.
C’est la mélodie par laquelle la miséricorde vient nous toucher. Tout comme il faut de la musique sur des paroles, pour qu’elles deviennent une chanson, il faut le pardon pour être et pratiquer la miséricorde.
Bonne musique à tous et une Sainte Année de la Miséricorde.
Noéline FOURNIER, Laïc – Temps de l’Avent 2015
J’aime ce temps de pardon. Que Dieu pardonne les pardonnés et par donnant