Prédication disponible en format audio.
Après la fête de l’Epiphanie, avant la fête du baptême du Seigneur dimanche prochain 10 janvier, l’Eglise nous fait vivre les dernières paillettes de la fête de Noël dans ce temps liturgique intitulé « Féries du temps de Noël », comme l’indiquent les extraits des antiennes d’ouverture des messes de cette semaine : « Un jour très saint a brillé à nos yeux » (lundi), « Dieu le Seigneur nous donne sa lumière » (mardi), « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (mercredi), etc
1 – « Le peuple qui habitait dans les ténèbres »
Aujourd’hui, nous sommes au début de l’évangile de Saint Matthieu, au chapitre 4, qui cite le prophète Isaïe 9, 1 lu le soir de la messe du 24 décembre : « Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu paraître une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre et de la mort, une lumière s’est levée. A partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer : ‘Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche’. »
Cette allusion à Isaïe est destinée à donner espoir et courage aux personnes qui connaissent le contexte politique dans lequel le prophète a parlé au nom de Dieu. Nous sommes dans les années 700 av. JC. De graves crises politiques et militaires secouent la terre où naîtra Jésus. Jérusalem est assiégée par la puissance montante de l’époque, l’Assyrie. D’où le sentiment de désespoir évoqué par le mot « ténèbres ». Le soir de Noël, d’autres termes militaires sont aussi entendus, extraits du prophète Isaie : ‘vaincus’, ‘dépouilles’, ‘joug’, ‘fouet’. Comment ne pas penser au contexte d’aujourd’hui où les échos de divers conflits parviennent jusqu’à notre île ? Sommes-nous éternellement soumis à la loi de la violence et du plus fort hier comme aujourd’hui ?
2 – « A partir de ce moment »
Mais voilà que Matthieu proclame la levée d’une « grande lumière » libératrice et porteuse d’espérance. Dans l’histoire sainte, Dieu montre qu’il ne laisse pas son peuple à l’abandon. De manière « miraculeuse », l’armée assyrienne qui assiégeait Jérusalem lève le camp et repart bredouille en – 701. Cette libération considérée comme divine marquera profondément les esprits si bien que la trame du livre d’Isaïe peut être considérée comme animée par le souvenir du salut de Jérusalem en 701 qui rebondira en écho sur l’évocation d’une autre libération, celle de Babylone et le retour d’exil. Dieu a soutenu et libéré son peuple.
Autrement, les événements politique d’hier et d’aujourd’hui peuvent susciter les mêmes craintes et angoisses. A chaque époque ses ténèbres. Mais quelle que soit leur épaisseur, « à partir de ce moment » (Mt 4, 17), càd aujourd’hui, toute l’expérience biblique révèle clairement que Dieu ne renie pas ses promesses de fidélité et d’alliance. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8, 31). Noël et Pâques ont constitué un tournant car nous sommes passés du temps des promesses de Dieu à leur réalisation : Dieu en personne est là en actes et en paroles. Humblement, mais efficacement. C’est que ce que Jésus ne cesse de d’annoncer : « A partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer : ’Convertissez-vous car le Royaume de Dieu est tout proche’. »
Prions
« Seigneur, soutiens nos vies de ton bras fort,
répands sans cesse ta lumière dans nos coeurs et entre nous.
Nous sommes pauvres comme les berges, mais assoiffés de consolation et de ton amour. »
Père Pascal CHANE TENG. – Temps de l’Avent 2015
Transcription audio : Erick BERNON
