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La parole de Dieu

«  Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé.» Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu, Mt 23, 11-12

La méditation
Surprenante est cette parole de Jésus. On serait plutôt tenté d’encenser la vertu des scribes et des pharisiens si respectueux de la loi de Moïse ! Voilà bien un discours paradoxal du Christ devant la manière du dire et de l’agir de notre monde. Pensez-y une seconde ! Combien de personnes endurent les pires souffrances sur notre « caillou », et dans bien d’autres pays ? Combien de petites gens sont écrasées, dépouillées par les multinationales du pouvoir et de l’argent ? Combien de ces Etats de l’axe Sud de notre planète sont manipulés, dépossédés du peu qu’ils ont par le camp de la puissance outrancière de tout acabit ? Dans le moment confus que nous appellons « temps présent », cette parole de Jésus est un coup de semonce qui va droit au coeur.
Envers ceux qui sont censés donner le bon exemple, Jésus ne l’envoie pas dire. Sans mettre de gant, il l’affirme d’un trait : celui qui s’élève sera abaissé. Employant une métaphore en boxe académique, je dirai : voilà un terrible uppercut dans la loi du plus fort qui dirige le monde ! Car Jésus n’est pas dupe. C’est comme s’il disait à nos dirigeants politiques : vos lois, décrets et règlements doivent assurer le bonheur. Vous n’avez pas à imposer des décisions qui pèsent lourd. En vous élevant au-dessus de vos semblables, vous serez abaissés à l’état de ceux-là même que vous écrasez par un pesant fardeau. Dieu est le seul juste. Il n’a d’yeux que pour les petits, les humbles. Ceux qui s’abaissent dans leurs fragilités. Pas pour les orgueilleux.

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Il est bien entendu que s’abaisser ne signifie nullement se laisser écraser. Dieu relève. Dieu redresse. Il convient plutôt d’accepter sa fragilité, de la remettre à Dieu, car il en fera sa puissance. N’est-ce pas là le secret, la force de l’Amour ? Un Amour qui travaille sans bruit, qui passe par la fragilité pour déstabiliser le mal. Gardons-nous d’oublier que si l’on n’aime pas Dieu, l’amour de nos frères ne peut pas être pur. Je garde de mes notes de lecture cette phrase terrible du Père Henri de Lubac : « En dehors de l’amour de Dieu, l’amour des hommes risque fort de n’être qu’une extension de l’amour de soi. »
Dès lors, avec cette force tranquille, demandons au Seigneur que, durant ce carême, il nous apprenne l’humilité. Qu’il nous donne d’accepter notre faiblesse pour mieux servir dans l’amour. « Humilité et amour, deux pas de foi pour un divin jugement…d’Amour, conclurai-je à la suite du Père François Varillon (« Joie de croire, joie de vivre », « Vivre l’Evangile, c’est vivre de foi : les cinq pas de la foi », Bayard, 2000).

Pour aller plus loin avec la parole

« Devenez des réalisateurs de la parole, et pas seulement des auditeurs qui s’abuseraient eux-mêmes. » Epître de Jacques, Jc 1, 22

Diacre Jean-Marie Armand – Chemin de Carème

Transcription audio : Jean-Marie Armand