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La Bible s’ouvre sur le récit de la création du monde. Et juste après, elle nous en offre un second, tout simple, mais il nous révèle les fondements de toute vie humaine. L’homme en effet, dans sa condition de chair et de sang, y apparaît comme une créature dont le mystère de la vie est à chercher dans ses racines spirituelles. Or « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), et il va créer l’homme en lui donnant de participer à son « Esprit », d’être lui aussi « esprit ». Toutes les richesses de l’Esprit de Dieu sont donc déjà présentes au cœur de tout homme, et cela par le simple fait qu’il existe… En étant de bonne volonté, en laissant ce trésor, enfoui au plus profond de son cœur, s’exprimer dans ses paroles, ses décisions, ses choix, il ne pourra que rejoindre tous les autres hommes de bonne volonté qui feront de même… Et c’est une fraternité universelle qui pourra se construire, rassemblant des hommes de toute origine, culture, langue, qui travailleront ensemble à la recherche du bien de tous…
Lisons donc ce second récit de la création de l’homme, plus ancien de quatre siècles que le premier (Gn 2,4b-7) : « Au temps où le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel, (5) il n’y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n’avait encore poussé, car le Seigneur Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol. (6) Toutefois, un flot montait de terre et arrosait toute la surface du sol. (7) Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant ».
Après avoir présenté l’homme créé « à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,26-28), nous voyons ici Dieu créant l’homme en agissant « à l’image et ressemblance » d’un sculpteur. « La glaise du sol » dont nous sommes pétris renvoie à notre condition de chair et de sang. Mais tant qu’il en est ainsi, la sculpture reste inanimée, sans vie. Ce n’est que lorsque Dieu « insuffle en ses narines une haleine de vie » que « l’homme devint un être vivant ». Autrement dit le mystère de notre vie est à rechercher dans la présence en chacun d’entre nous du Souffle de Dieu, une image qui, dans la Bible, renvoie à l’Esprit Saint, c’est-à-dire à ce que Dieu Est en Lui-même : et « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24), nous dit Jésus, et « Dieu Est Saint » (Cf. Is 6,3). Ressuscité, « il soufflera sur ses disciples en leur disant : « Recevez l’Esprit Saint » » (Jn 20,22), c’est-à-dire « soyez pleinement ce que Dieu voulait que vous soyez quand il vous a créés en insufflant en vous son Esprit, et en vous donnant ainsi d’être vous aussi ‘esprit’, à son image et ressemblance »…
Tout homme est ainsi tout en même temps « corps, âme et esprit ». C’est là son « être entier », écrit St Paul (1Th 5,23). Et le mystère de sa vie est à rechercher dans le fait qu’il est ‘esprit’, participant ainsi à l’Être et à la Vie du Dieu vivant…
Mais si « Dieu Est Esprit », nous pourrions aussi dire qu’Il Est « Amour (1Jn 4,8.16), Lumière (1Jn 1,5), Vérité (Jn 14,6), Droiture, Justice, Loyauté », etc… Et toutes ces richesses ne font qu’un, dans l’unique Esprit. L’homme, par le fait qu’il est une créature spirituelle participant à cet unique Esprit, a donc au plus profond de lui-même tous ces trésors… En recherchant de tout cœur la vérité et la paix, il ne pourra donc qu’être invité à vivre en étant fidèle à ces grandes valeurs, et il rejoindra alors tous les autres hommes de bonne volonté, de toute culture et de toute religion, qui eux aussi recherchent de tout cœur la vérité et la paix… En travaillant ensemble dans le respect de tous et pour le bien de tous, il sera alors possible de construire une société humaine et solidaire…
Diacre Jacques Fournier
Le 29 novembre 2016 pour Jevismafoi/Sedifop