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Nous sommes encore dans le temps de Noël. Et dans la liturgie, nous entendons l’appel des premiers disciples. L’enfant Jésus, qui je le rappelle est déjà grand prêtre, appelle-t-il au sacerdoce (ou à d’autres vocations) ?
En fait, Dieu nous dit que la question douloureuse des vocations sacerdotales peut trouver une solution dans ces lectures de Noël ne serait-ce déjà que pour compléter ou ajuster notre façon de comprendre la vocation.
La liturgie de Noël nous parle de ces premiers appels de disciples parce que la venue de Dieu fait homme, même s’il est encore un nourrisson, nous ouvre tout de suite un horizon. Si Dieu s’est fait homme c’est pour que l’homme devienne Dieu. Dieu s’est fait homme pour nous donner l’Esprit Saint, c’est à dire pour que l’homme retrouve la communion profonde avec Dieu; Et ainsi entré dans la Trinité, par la grâce, il est comme Dieu car il est en Dieu.
Et tel est le sens d’une réponse à l’appel de Dieu: accomplir ce que Dieu veut que nous soyons en Lui.
Et nous voyons dans l’Évangile du jour que, autant il est sain de vouloir suivre Jésus dès lors que nous l’avons entendu parler à travers la Parole ou à travers des frères, autant, ensuite comme dans toute la liturgie de Noël, Dieu nous rappelle qu’il a l’initiative de tout. Il est Celui qui choisit qui il veut, quand il veut, pour la place qu’il veut, dans son Corps. Libre à nous d’accepter l’offre ensuite.
Pour aller plus loin, nous pouvons dire que toutes les vocations actuelles prennent naissance dans la crèche. Car, alors que les vocations de prophètes et même des rois de l’ancienne alliance préparaient la venue du Sauveur, désormais, les vocations vont faire de nous des membres du Corps du Sauveur, des acteurs du Royaume de Dieu. A partir de la naissance de Jésus, répondre à l’appel revient à accepter de faire partie de la réalité mystique du Fils de Dieu fait homme, de ce nouveau-né qui est aussi en chair et en os. L’invitation du Seigneur à faire partie de ce Corps est une invitation aux noces de Dieu et de l’homme qui débutent à Noël.
Car il s’agit bien d’une invitation et c’est pour cela que l’appel commence par les apôtres de Jean le Baptiste. Écouter l’insistance de Jean le Baptiste sur la conversion nous éclaire sur l’immense amour qui est à la source de cette invitation: Si je me prends pour un petit prince et que je suis invité par un roi, je me dirai peut-être que le Roi peut bien attendre un peu. Ou bien je vais accepter de venir mais sans trop changer mon emploi du temps. Mais si je j’entrevois la mesure de ma faiblesse et l’état de mon âme, je serai submergé de crainte et de joie par l’immense honneur qui m’est fait d’être invité par le Roi!
Ainsi, la radicalité de ma réponse va dépendre de ma perception de deux choses: la conscience de ma petitesse tant je suis pécheur et tant ma conversion m’est impossible par mes propres forces. Et la perception de l’immense amour à l’origine de la présence dans ma vie du Seigneur qui m’invite. Or les disciples de Jean Baptiste qui sont à l’aboutissement de la première alliance sont les plus à même de répondre sans hésitation à cette invitation car ils connaissent leur petitesse et ils ont soif de la présence du Messie.
Mais tous les disciples de Jésus n’auront pas été des disciples de Jean le Baptiste avant. Car la radicalité de la réponse de ces derniers va enthousiasmer et soutenir les autres et suppléer au manque de radicalité des autres, ne serait-ce qu’au commencement. La grâce de Dieu présente par leur réponse radicale va continuer ce que Marie et Joseph avaient déjà commencé en prenant soin de l’Enfant Jésus, par leur humilité et leur désir d’obéir à Dieu. Il a fallu des initiateurs dans la radicalité de la réponse et cette radicalité a commencé par la réponse de Marie et Joseph à ce nouveau type d’appel.
Ainsi, le rôle de la famille du sang est important dans les vocations. Mais le rôle des saints, comme Marie, Joseph et les disciples de Jean le Baptiste qui ont suivi Jésus, de tous les autres saints ensuite, ce rôle l’est tout autant. Nous tous devons prendre soin de cet Enfant divin.
Que les enfants dès leur plus jeune âge puissent vivre dans une famille qui a choisi la sainteté, qui va les faire grandir pour être membres du Corps du Christ selon la volonté de Dieu est important. Mais qu’ils grandissent également dans la proximité des saints; les saints prient pour nous mais nous devons les solliciter: c’est aussi cela l’incarnation. Dieu nous sollicite. Sollicitons les membres de son Corps.
Pour qu’un enfant entende l’appel du Christ, qu’il soit aussi confié à Marie, à Joseph, puis à ses saints patrons. Qu’il grandisse dans le Coeur de Marie en étant consacré dès sa conception mais aussi chaque jour ensuite à la Vierge Marie. Mères, consacrez vos enfants à Marie. Évêques, prêtres, religieux, religieuses, priez le chapelet pour que vos prières confiées à Marie permettent de faire naître et grandir chaque cellule du Corps du Christ, du Corps du Sauveur… Sollicitons tous ceux qui nous ont précédés dans la Foi et dans l’histoire.
Il ne faut pas ignorer ce lien entre Noël et les vocations sinon nous restons coincés à la première alliance et oublions que Dieu s’est fait homme… Ce serait passer à côté de toute la réalité mystique et de la grâce de Noël.
Et pourquoi Jean le Baptiste ne suit-il pas Jésus ? Demeure-il coincé dans la première alliance.
Non. La vocation de Jean le Baptiste continue encore aujourd’hui. Il faut encore préparer les chemins car Noël est encore en train de se passer dans la liturgie mais aussi dans le monde entier.
La venue de cet Enfant divin nous appelle à prendre notre place en Lui de façon radicale. Sa venue nous appelle à écouter la Voix de Jean le Baptiste qui nous prépare à la rencontre puis à entendre l’appel personnel que Jésus adresse à chacun.
Enfin, je suis plus que jamais responsable du sort de mon frère, comme André le fut de Pierre, et responsable du Corps du Christ, comme Marie et Joseph le furent et le sont.
Cet Enfant est la Lumière et la Paix, également pour ce sujet délicat des vocations en particulier sacerdotales mais pas uniquement.
Prions:
Je te choisis aujourd’hui ô Marie, en présence de toute la cours céleste pour ma Mère et ma Reine. Je te livre et consacre en toute soumission et amour, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées présentes et futures, te laissant un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m’appartient, sans exception, selon ton bon plaisir, à la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l’Éternité. Amen
Richard Clause, laic.