Prédication disponible en format audio.

Bonjour à tous !

            Chers amis, notre thème de l’Avent est : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu », c’est-à-dire « saint ».

            Cette semaine, nous allons la passer en compagnie de Léonie, la sœur de Sainte Thérèse de Lisieux. Parmi les sœurs MARTIN, elle est celle qui a eu le parcours le plus difficile. Or, c’est elle qui, en fait, a le mieux compris la doctrine spirituelle de la petite Thérèse. Avec toutes ses limites, ses échecs et ses blessures, nous allons le voir, Léonie a si bien vécu et pratiqué la voie d’abandon à Dieu, qu’avec le temps, elle en a été toute transformée, et finalement sanctifiée. Elle est ainsi l’exemple, comme le dit Jésus à Pierre, que si, « pour les hommes, c’est impossible, tout est possible à Dieu » (Mt 19,26)…

                                   

                        « Léonie ou la pauvreté transfigurée » !

 

            Léonie est née à Alençon le 3 Juin 1863.

            Son papa était horloger-bijoutier et sa maman dentellière réputée pour son travail.

            Le bébé arrive après deux grandes et jolies sœurs. Très tôt, l’enfant Léonie décontenance et inquiète, surtout sa maman. Le contraste est en effet frappant avec ses deux aînées, très éveillées, belles et débordantes de vie. La petite dernière semble délicate et même fragile.

            D’autre part, on s’interroge à la maison MARTIN car la petite semble collectionner les maladies : rougeole, coqueluche, et un grave eczéma.

            Comment Zélie MARTIN, qui a une grande fibre maternelle, ne s’inquièterait-elle pas ?

            Au sein de la famille, on n’entretient pas une vague foi en Dieu, on a confiance en sa puissance, en son intervention providentielle. Ainsi, Monsieur MARTIN, en bon père de famille entreprend un pèlerinage  à pied à Notre Dame de Sées, afin d’obtenir la guérison de Léonie… Ses prières, ainsi que la démarche de Monsieur MARTIN, ont dû toucher le Cœur de Dieu, puisqu’on constate une soudaine amélioration de l’état de Léonie, elle va beaucoup mieux :

             « Léonie était dans un état  pitoyable et cela depuis sa naissance : elle avait des battements de cœur continuels et une inflammation d’intestins qu’elle avait portée en naissant, enfin, je l’ai vue entre la vie et la mort pendant seize mois (…)

            Il est un fait certain, c’est qu’elle n’a jamais été malade depuis que la neuvaine  a été faite (…) Aussitôt après la neuvaine, elle courait comme un petit lapin. Elle est d’une agilité incroyable. »

            Voici ce que relate Thérèse à propos de son lien avec Léonie, lorsqu’elle était enfant :

            «Ma chère petite Léonie tenait aussi une grande place dans mon cœur. Elle m’aimait beaucoup, le soir c’était elle qui me gardait quand toute la famille allait se promener… Il me semble entendre encore les gentils refrains qu’elle chantait afin de m’endormir… en toute chose elle cherchait le moyen de me faire plaisir aussi j’aurais eu bien du chagrin de lui causer de la peine. »

            La vie de foi de Léonie, sa ferveur d’enfant n’est pas sans influence sur son cœur et sa psychologie. Elle a douze ans lorsqu’elle fait sa Première Communion. Jésus la touche au plus profond d’elle-même, elle confie :

            « Il n’était pas ce jour le plus beau de ma vie, parce que mon enfance et ma première jeunesse se sont passées dans la souffrance, dans les épreuves les plus cuisantes. »     

            Alors que la vie intérieure ne lui inspirait guère de dévotion jusqu’alors, son âme semble peu à peu s’ouvrir, s’émouvoir devant l’immense amour du Christ. Sa maman confie à sa belle-sœur au sujet de Léonie :

            « Elle n’est pas du tout dévote, elle ne prie le bon Dieu que lorsqu’elle ne peut faire autrement. Cette après-midi, je l’ai fait venir à côté de moi pour lui faire lire quelques prières, mais bientôt, elle en a eu assez et m’a dit : Maman, raconte-moi la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ ». Je n’étais pas décidée à conter, cela me fatigue beaucoup, j’ai toujours mal à la gorge. Enfin, j’ai fait effort et je lui ai raconté la vie de Notre Seigneur.  Quand je suis arrivée à la Passion, les larmes la gagnaient. Cela m’a fait plaisir de lui voir ces sentiments. »

            Cette ferveur va grandissante, si bien qu’elle laisse échapper son désir sincère de se∞ consacrer au Seigneur : « Moi, dit Léonie à sa maman, je veux écrire à ma tante du Mans, avant qu’elle ne meure et lui donner mes commissions pour le Ciel : je veux qu’elle demande pour moi au Bon Dieu la vocation de religieuse. »

            Bien évidemment, on ne manque pas de sourire devant une telle aspiration, en totale contradiction avec sa conduite rebelle : « Marie a feint de se moquer d’elle, ajoute Zélie, pour voir ce qu’elle allait répondre, mais elle a persisté et dit : « Que tout le monde se moque de moi, ça m’est égal, mais je veux lui dire cela avant qu’elle ne meure. »

            Forte détermination de Léonie, un trait de tempérament qui marquera sa personnalité tout au long de sa vie et qui lui permettra certainement de dépasser de nombreux obstacles.

            Monsieur MARTIN aime ses filles tel un père avec un cœur de mère il ne fait aucune différence entre les cinq. Et voici qu’en octobre 1882, la première des cinq, Pauline, entre au Carmel de Lisieux.

            Au début du mois d’octobre 1886, Monsieur MARTIN se rend à Alençon avec ses quatre filles qui vivent encore avec lui : Marie est venue faire ses adieux sur la tombe de sa mère, car elle aussi va bientôt entrer au Carmel.

 

            C’est alors que Léonie, profitant de ce séjour à Alençon, se rend sans rien dire, au monastère des Clarisses de cette ville et demande à la Supérieure d’y être accueillie.

            Curieusement, la Supérieure la prend sur-le-champ et revêt même cette regardante de 23 ans d’un petit habit religieux.

            Au sein de la famille MARTIN, on ne comprend pas bien cette démarche soudaine et faite en catimini. D’ailleurs, plus tard, Sainte Thérèse, repensant au coup de tête de sa sœur, écrira :

            « Jamais je n’oublierai la bonté et l’embarras de ce pauvre petit Père en venant nous annoncer que Léonie avait déjà l’habit de Clarisse… Comme nous, il trouvait cela bien drôle, mais ne voulait rien dire. »

            A l’évidence, Léonie n’était pas prête pour le grand saut dans la vie religieuse. Sa santé fragile peut difficilement supporter la règle austère des Clarisses.

            Au bout de deux mois, la jeune aspirante doit sortir et réintégrer les Buissonnets. Premier échec de la vie religieuse.

            Commentaire de Sainte Thérèse :

            « Cette pauvre Léonie était cependant bien gentille sous son nouveau costume, elle nous dit de bien regarder ses yeux parce que nous ne devions plus les voir (les Clarisses ne se montrant que les yeux baissés) mais le Bon Dieu se contenta de deux mois de sacrifice et Léonie revint nous montrer ses yeux bleus bien souvent mouillés de larmes. »

            Léonie ressort brisée de cet échec, déprimée, au point que sa santé en subit un choc.

 

                        Bonne méditation et à demain pour la suite…         

 

Méditations Avent 2018 – Dimanche 16 décembre 2018 – Noéline FOURNIER, Laïc