Prédication disponible en format audio.

Pour cet Avent 2020, j’ai choisi de méditer avec vous à partir des écrits de saint Ambroise de Milan. J’ai l’humilité d’espérer que vous aimerez ce cheminement en compagnie d’un étonnant évêque italien (340-397) et l’un des quatre illustres Docteurs et Pères de l’Eglise latine, avec saint Augustin, saint Jérôme et saint Grégoire le Grand. En ce lundi 21 décembre, débutons par un aperçu de la morale sociale d’Ambroise. Un court extrait de son Homélie sur Naboth le pauvre* précède ma méditation.

« Jusqu’où, riches, étendez-vous vos folles envies et revendiquez-vous la possession de la terre ? La nature ne connaît pas les riches, elle nous enfante tous pauvres. La terre nous a mis au jour nus, démunis de nourriture, de vêtements, de boisson : la terre reçoit nus ceux qu’elle a enfantés, elle ne sait enfermer dans un tombeau l’étendue des propriétés. »

Cette belle volée ambrosienne de bois vert en direction des puissants de la terre n’est pas sans rappeler la véhémente condamnation du prophète Jérémie** : « Malheur à qui bâtit sa maison au mépris de la justice, et ses chambres hautes au mépris du droit ! ». Saint Ambroise prenait grand soin de marteler que les pauvres sont plus précieux que l’or. Ils sont ceux à qui Jésus s’identifie par amour : à ces petits, à ces « derniers » de la société à qui « vous avez donné à manger et à boire, que vous avez recueillis »*** Aimer le visage de la pauvreté, n’est-ce pas accomplir un acte de foi en ce Dieu qui s’est fait pauvre pour nous, afin de nous enrichir de sa pauvreté ? Il est combien douloureux de mesurer aujourd’hui le delta profond entre notre hyper société consumériste, égoïste, avide de biens matériels, et le visage évangélique de l’Eglise. En septembre 1962, saint Jean XXIII avait pourtant alerté nos consciences : « L’Eglise se présente telle qu’elle est et veut être : l’Eglise de tous et particulièrement l’Eglise des pauvres. » Préservation du bien commun, répartition équitable des richesses : ces concepts, aussi généreux qu’inamovibles de la Doctrine sociale de l’Eglise, ne paraissent-ils pas sous-estimés, alors qu’une série conséquente d’encycliques papales consacrent un principe majeur : l’option préférentielle pour les pauvres ! Une option, observe au passage le Dominicain Alain Durand qui « ne se traduit pas par une exclusivité mais par une priorité accordée aux pauvres ». Nous connaissons tous un pauvre dans les multiples dimensions de la pauvreté, y compris ceux issus de ce que le pape François nomme « les nouvelles formes de pauvreté : les toxicodépendants, les réfugiés, les enfants à naître »**** Sur la route qui mène au Christ Sauveur, endurons des prétextes d’accusation ou l’hostilité en servant la miséricorde. Car, pour saint Ambroise, « c’est le plus grand stimulant de la miséricorde, que de compatir aux malheurs d’autrui, de subvenir aux besoins des autres, autant que nous le pouvons et parfois plus que nous le pouvons. »  

Avec le saint évêque de Milan, prions maintenant le Christ Sauveur : Jésus, Fils de Dieu et ami des hommes, tu fais ta demeure chez nos frères et sœurs en qui la foi est présente. Donne-nous d’aimer et d’aider davantage la multitude des pauvres qui sont, dans son cœur miséricordieux, les préférés de ton Père. Donne à nos yeux la profondeur nécessaire pour que nous voyons ton divin visage à travers eux. Mais surtout, Seigneur, fais que nos yeux ne se ferment jamais sur la misère humaine, aussi insoutenable soit-elle. Bénis sois-tu, Seigneur.

 

*1 Rois, 21

**Jérémie 22, 13

***Matthieu 25, 35s

****Pape François, exhortation apostolique Evangelli Gaudium, n. 210-213

 

Méditation Noël – Lundi 21 décembre 2020 – Diacre Jean-Marie Armand

Vous pouvez nous envoyer vos demandes de grâces et intentions de prière en répondant dans l’espace de commentaires. Elles seront recueillies et portées en intention à la messe du weekend à la Cathédrale de Saint Denis. Nous vous invitons aussi à partager cette méditation avec vos amis.