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« Quand Jésus apprit que Lazare était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait » (Jean 11, 6)
Voilà une attitude incompréhensible de la part de Jésus. Ce long délai de 48 heures ressemble beaucoup à nos attentes interminables face à un Dieu qui n’intervient pas lorsqu’il le devrait. Mais comme le dit si bien Thomas Merton* « Le temps de Dieu n’est pas le temps de l’homme. » Cette conduite de Jésus nous scandalise sans doute. Selon nos priorités, le temps presse, et le Seigneur ne semble pas s’en soucier. Pourtant, un héros ne se doit-il pas d’arriver à temps pour sauver celui ou celle qui court à sa perte ? Dès lors, Jésus va nous accorder au temps de Dieu : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? demande-t-il à ses disciples inquiets qu’il ne revienne en Judée au risque d’une lapidation. Car les douze autres sont investies par la nuit et on ne peut s’orienter convenablement durant cette période de ténèbres. Apprenons donc que la vie, telle qu’elle est conçue par le Fils de Dieu, prend son temps.
Elle est jonchée de morts et de vies, de souffrances et de joie. Maître incontesté du temps, Jésus se situe à la fois ici et ailleurs. La merveille du retour à la vie de Lazare va s’accomplir devant des témoins, en prélude à la résurrection du Christ qui viendra mettre un terme aux douze heures de nuit. Nous le savons : désormais la lumière du Christ resplendit 24 heures par jour, et ne s’éteindra jamais plus. Bienheureux Cardinal John Newman** qui rappelait fort pertinemment que « Mettre sa foi en Jésus Christ, c’est croire qu’il est la résurrection et la vie, peu importe l’heure ! Même au cœur de la nuit de notre vie. » Vivons en ce temps de l’Esprit qui nous accompagne sur la route de la vie, à l’instar de Jésus et de ses disciples allant vers Jérusalem et Béthanie. Bien sûr, nos questionnements seront encore nombreux, à n’en pas douter les dangers demeureront omniprésents, la mort sera sans doute au bout de la route, même si le Christ marche avec nous. Et pourtant ! Dans un autre sens, n’avons-nous pas toute la vie devant nous pour nous préparer à la vie éternelle, à cette « éternité de joie » prônée par saint Augustin ! En ce dernier dimanche de Carême, nous t’en prions, Dieu notre Père, par ton Fils Jésus, que toute mort permette à ta vie de mieux se révéler en nous, jusqu’au jour béni où nous te verrons face à face. Amen.
Méditations Carême 2020 – Dimanche 29 mars 2020– Diacre Jean-Marie Armand
*Thomas Merton (1915-1968). Moine trappiste, l’un des auteurs spirituels les plus profonds du XXe siècle. Cité ici in Semences de contemplation, Editions Points. **John Henry Newman (1801-1890). Prêtre anglican qui rallia l’Eglise catholique en 1845. Créé cardinal en 1879 par le pape Léon XIII.
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