Prédication disponible en format audio.
Je voudrai commencer avec vous une série de méditations autour des médias et des moyens de communication modernes tels que la télé et l’internet. Ils me font penser à des fenêtres, des fenêtres de toutes les tailles, minuscules ou géantes, que ce soient des télés, des téléphones, des écrans d’ordinateurs ou des tablettes tactiles, ce sont des fenêtres qui font aujourd’hui totalement partie de notre vie de tous les jours et devant lesquels nous passons beaucoup de temps.
La raison pour lesquelles elles nous sont si importantes, c’est qu’elles sont un moyen efficace et incroyablement puissant d’accès à l’information, à la connaissance, à la culture et à la communication avec les autres. Ce sont des fenêtres ouvertes sur le monde, et l’horizon qu’elles proposent parait sans limite.
Mais au final, derrière cette technologie de plus en plus légère, toujours plus plate, plus fine, et plus portable, le verre de ces fenêtres est peut être quand même trop épais. En effet, ces images qui nous sont transmises nous atteignent-elles en profondeur ou alors cultivent-elles notre indifférence ?
Lisons ce que le Pape François nous dit au n°54 de son exhortation :
« Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. La culture du bien être nous anesthésie et nous perdons notre calme si le marché offre quelque chose que nous n’avons pas encore acheté, tandis que toutes ces vies brisées par manque de possibilités nous semblent un vain spectacle qui ne nous trouble en aucune façon. »
Alors que nous avons les yeux rivés sur ces petites fenêtres pour lesquelles nous nous sommes peut être endettés, les images ne semblent plus toucher. Le cri de ceux qui subissent l’injustice ne semble plus percer cette fine couche de verre et atteindre nos cœurs. Si nous ne nous laissons plus toucher alors les pauvres et les malheureux ne sont plus pour nous qu’un spectacle offert à nos yeux indifférents.
Nous vivons aujourd’hui la parabole du riche et de Lazare. Ce pauvre qui se meurt devant sa porte, sous sa fenêtre, qui a faim et que l’homme riche ne voit pas. Luc 16, 19-31
Hors notre Dieu est “miséricordieux”, ce qui signifie dans la Bible qu’il ressent jusqu’aux profondeurs de ses entrailles. Dans l’Exode (Ex, 3) dit ” J’ai vu la misère de mon peuple en Egypte, j’ai entendu son cri…”. Oui, Dieu est sensible aux souffrances et à l’appel de ceux qui sont dans la détresse. Et en tant qu’enfants de Dieu, il nous appelle à vivre cet amour qui se laisse toucher en profondeur, cet amour qui va au delà de la passivité du spectateur. Il nous rend capables de lui ressembler. Rappelez-vous l’appel de l’Abbé Pierre l’hiver 54, nous sommes capable de nous émouvoir jusqu’au plus profond de nos tripes et de passer nous aussi à l’action.
En 54, il n’y avait pas encore toutes ces fenêtres, nous n’étions pas encore assaillis d’un flot massif et constant d’images. Il y a une époque où je me disais et c’était pratique : “je ne regarde pas les informations pour rester de bonne humeur, ne pas m’inquiéter et ne pas désespérer de tous ces malheurs qui arrivent dans le monde. C’était la solution de facilité, qu’on ne vienne pas me déranger dans mon confort. De plus je ne peux rien y faire”. Et bien si je peux faire quelque chose, je peux agir à ma mesure, je peux trouver des gens pour qui prier, je peux être assoiffé de justice et me laisser entraîner par cette soif.
Seigneur, viens à mon aide. Guéris moi de mon indifférence, de mon aveuglement, de ma paralysie à agir pour la justice. Donne-moi de trouver dans mes fenêtres un support pour une prière plus profonde, une tendance à me tourner vers l’autre et ses besoins, une aspiration à vouloir faire changer les choses, une foi qui trouve la joie quoi qu’il arrive parce que je crois que ton règne arrive. Je crois que tu nous réveilles tous les jours de notre torpeur pour nous rendre participants à ta victoire sur l’injustice et sur le mal. Soit béni Seigneur parce que toi, tu n’es pas sourd à nos cris, tu n’es pas aveugle à notre souffrance et tu nous guides sur le chemin de l’amour fraternel.
Amen
Gabriel C., laïc
Méditation du dimanche de Carême, le 23 mars 2014