Prédication disponible en format audio.
Monseigneur Claverie servait Dieu dans sa mission auprès de ses frères et sœurs algériens.
Il s’est placé sur cette ligne de fractures, servant la fraternité et l’humanité plurielle. Ecoutons-le.
Je me suis dit : désormais, plus de murs, plus de frontières, plus de fractures. Il faut que l’autre existe, sans quoi nous nous exposons à la violence, à l’exclusion, au rejet. J’ai donc demandé, après l’indépendance, à revenir en Algérie, pour redécouvrir ce monde où j’étais né mais que j’avais ignoré. Découvrir l’autre, vivre avec l’autre, entendre l’autre, se laisser aussi façonner par l’autre, cela ne veut pas dire perdre son identité, rejeter ses valeurs, cela veut dire concevoir une humanité plurielle, non exclusive. Dans cette expérience faite de la clôture, puis de la crise et de l’émergence de l’individu, j’acquiers la conviction personnelle qu’il n’y a d’humanité que plurielle et que, dès que nous prétendons posséder la vérité ou parler au nom de l’humanité, nous tombons dans le totalitarisme et dans l’exclusion. Nul ne possède la vérité, chacun la recherche. Je suis croyant, je crois qu’il y a un Dieu, mais je n’ai pas la prétention de posséder ce Dieu-là, ni par le Jésus qui me le révèle, ni par les dogmes de ma foi. On ne possède pas Dieu. On ne possède pas la vérité et j’ai besoin de la vérité des autres. C’est l’expérience que je fais aujourd’hui avec des milliers d’Algériens dans le partage d’une existence et des questions que nous nous posons tous. Le maître mot de ma foi est aujourd’hui le dialogue, non par tactique ou par opportunisme, mais parce que le dialogue est constitutif de la relation de Dieu aux hommes et des hommes entre eux ».
Jamais il ne se départira de cette attitude fondamentale. Il fera du dialogue une « vertu » exigeante de vérité, de lucidité, de courage risqué. Ses prises de parole et ce courage le conduiront jusqu’au bout de son respect et de son amour de l’autre. Il meurt assassiné à Oran, le 1er août 1996, mêlant son propre sang avec celui de son fidèle chauffeur Mohammed dont il avait confié à un proche : « Tu vois, rien que pour un homme comme Mohammed, ça vaut la peine de rester dans ce pays, même au risque de sa vie. »
Peu avant de mourir, il a écrit ceci : « L’Eglise accomplit sa vocation quand elle est présente aux ruptures qui crucifient l’humanité dans sa chair et son unité. Jésus est mort écartelé entre ciel et terre, bras étendus pour rassembler les enfants de Dieu dispersés par le péché qui les sépare, les isole et les dresse les uns contre les autres et contre Dieu lui-même. Il s’est mis sur les lignes de fractures nées de ce péché. En Algérie, nous sommes sur l’une de ces lignes sismiques qui traversent le monde : Islam-Occident, Nord-Sud, riches-pauvres. Nous y sommes bien à notre place car c’est en ce lieu-là que peut s’entrevoir la lumière de la Résurrection. »
Prions :
Seigneur notre Dieu,
qui as donné au bienheureux évêque Pierre
et à ses compagnons martyrs,
la grâce de communier à la passion du Christ
en étant fidèles à l’Evangile jusqu’à la mort ;
Accorde-nous, par leur intercession,
d’être d’ardents témoins du pardon et de la paix.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui règne avec toi et le Saint-Esprit,
maintenant et pour les siècles des siècles.
Amen.
Méditation du Mercredi 30 décembre 2020 – Sylvia O.P.
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