Prédication disponible en format audio.
Béthanie, un village proche de Jérusalem. Des amis accueillent Jésus avec ses disciples. Il aime à refaire ses forces dans la douceur de l’amitié auprès de Marthe, de Marie et leur frère Lazare. Le partage des repas devient alors l’occasion d’enseignements sur le mystère de Dieu. Jésus n’a rien d’un extraterrestre ni d’un être virtuel. Il a du cœur, des sentiments. Ses amis l’estiment et il tient à eux.
La charité est une amitié. Déjà, dans l’Ancien Testament, les prophètes sont appelés amis de Dieu. Moïse s’entretenait avec Dieu sur le mont Sinaï comme un ami parle à son ami. Son visage rayonnait de la lumière du Très-Haut. S’adressant à ses disciples, Jésus les appelle amis car la connaissance de Dieu tenue secrète dès avant la fondation du monde leur est révélée. Le dialogue et l’ouverture du cœur caractérisent l’amitié. Saint Thomas d’Aquin reprend l’expérience de l’amitié humaine pour présenter la charité de Dieu. Saint Augustin voyait dans les amis « deux corps et une âme ».
Au cours d’une messe j’ai posé cette question aux enfants : « Que faites-vous quand vous aimez quelqu’un ? » Un temps de silence. Une petite fille lève la main pour répondre : « On lui parle. » Les amis se parlent. C’est leur joie et leur récompense ! Que serait la vie sans nos amis ! Le bonheur, la douceur, la consolation dans les épreuves ne nous viennent-ils pas de nos amis ? L’amitié ne peut pas s’acheter. Elle n’aime pas le vite-fait. Jésus prenait le temps d’échanger avec Marthe, Marie et Lazare. Son amitié ira plus loin : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). Jésus ne se paye pas de mots. Ce ne sont pas des « amis » comme on les désigne trop facilement en politique ou sur Facebook !
Apprenant la maladie de Lazare, Jésus souffre déjà de la souffrance de son ami. Les épreuves font le tri entre les relations, les faux amis et les vrais amis. L’ami véritable se manifeste dans les difficultés, quand la maladie et la mort viennent rappeler la fragilité foncière de l’existence. « Je me sens comme amputé », s’exclame parfois l’ami frappé par le départ de son ami.
Le père Lacordaire (1802-1861), dominicain, prédicateur à Notre-Dame de Paris, s’exclamait : « L’amitié est le plus parfait des sentiments de l’homme parce qu’il est le plus libre, le plus pur et le plus profond ».
Seigneur Jésus, nous te rendons grâce pour ton amitié. Nous te louons pour les amis que tu nous as donnés. Nous te confions nos amitiés pour qu’elles grandissent dans l’amour et la vérité. Nous te prions pour nos amis malades. Envoie sur eux ton Esprit Saint et inspire en nous des gestes et des paroles d’affection à leur égard.
Fr. Manuel Rivero O.P.