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Pour signifier l’extrême de l’amour du Père : « Jésus se lève de table, dépose ses vêtements et prenant un linge, il s’en ceignit ». Jn. 13,1-20

Si Jésus enlève son manteau, symbole de sa personnalité, de son attribut social, il nous montre qu’il nous faut quitter toute fonction sociale et religieuse pour révéler notre cœur. Avant d’être le Maître et Seigneur, il est un cœur qui veut rencontrer des cœurs.

Le Fils unique du Père cache sa Gloire en empruntant une vie d’humilité et de faiblesse. Mais en ôtant ses vêtements, il révèle aussi sa vraie gloire, sa vraie nature. Dieu n’est qu’Amour et Il veut se donner aux êtres humains.

A la fin de notre vie, nous serons jugés sur le cœur et non sur la fonction ou la marque de nos vêtements ou la forme de nos uniformes. Jésus nous invite à entrer dans son amitié pour le suivre et l’imiter. « Je ne vous appelle plus serviteurs… Je vous appelle mes amis » (Jn. 15,15). En même temps Jésus se noue un linge autour de la ceinture. C’est le geste par excellence de l’esclave et du serviteur. Désormais pour rejoindre Dieu, il faudra ainsi descendre pour aller à sa rencontre. Jésus dira : «Heureux ces serviteurs que le maître en arrivant trouvera entrain de veiller ! En vérité, je vous le dis, il se ceindra, les fera mettre à table et, passant de l’un à l’autre, il les servira. »

            Jésus se cache dans les pauvres. Pour le connaître, il faut descendre vers eux. « Lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place » (Lc 14,10-11). En prenant la dernière place, Jésus indique que ses disciples vont rencontrer les personnes les plus humbles et pouvoir s’asseoir à leur table.

« Jésus mit de l’eau dans un bassin et commença à laver les pieds de ses disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint » (Jn 13,5).

L’eau du bassin rappelle l’eau qui lave, qui purifie, rafraîchit. Il suffit de souvenir de la parole de Bernadette à Lourdes : « En lavant ton visage, prie Dieu de purifier ton cœur. »

En lavant les pieds de ses disciples, y compris judas, Jésus leur offre le pardon du Père par la communion et la tendresse. Il offre le pardon à Pierre qui va le renier trois fois. Il lave les saletés de leurs pieds en signe de purification de leur cœur. Il connaît leur besoin de s’affirmer et d’être important. Jésus lave aussi les pieds de Judas pour lui montrer à quel point il continue de l’aimer. Il connaît son avidité, sa jalousie. Il veut le libérer des forces du mal. Nous savons que ce geste était réservé aux esclaves. Le fait que ce soit Jésus qui fasse ce geste est scandaleux pour les disciples. C’est la raison pour laquelle Saint Jean commence ce chapitre par « ayant aimé les siens ».

            Tous les gestes de Jésus durant son ministère public traduisaient déjà cet amour du Père. Il y a à la fois, la dimension affective et spirituelle.

La passion va être le comble de l’amour. Le lavement des pieds est un geste unique réalisé une seule fois par Jésus dans une sorte de mime de sa mort.

Dans le texte du lavement des pieds, il y a la révélation du sens véritable de l’amour. Le service peut devenir ambigu et même se transformer en pouvoir. En disant « Maître et Seigneur », Jésus maintient la différence qui le sépare du disciple. En leur lavant les pieds, Jésus parle de plus grand : « Le plus grand parmi vous ». Il abolit la volonté de puissance souvent camouflée sous le dévouement, le service et même l’amour humain. Ce ne sont pas les mains mais les pieds que Jésus lave. On peut penser aux pieds missionnaires qui iront de par le monde, sans volonté de puissance. Comme l‘écrit Isaïe : « Qu’ils sont beaux les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut » (Is. 52,7).

En même temps, le lavement des pieds, rappelle l’Eucharistie. Jésus s’est donné jusqu’à se livrer. Nous ne pouvons pas non plus séparer l’Eucharistie  du commandement nouveau : « Aimez-vous comme je vous ai aimés. »

            Les pieds sont aussi le symbole de l’autorité.

Dans certaines cultures, pour montrer sa soumission et son respect à quelqu’un d’important, on baise ses pieds. Ici, Jésus lave tous les abus d’autorité de ses disciples et tous les désirs de pouvoir et de grandeur qui sont en eux.

Le terme autorité vint du verbe latin augere qui signifie « faire croître ». L’autorité est donc au service de la croissance de l’autre. Il faut parler ici de l’autorité par « en bas », par le cœur… en se faisant serviteur. Cela suppose de faire confiance à L’Esprit Saint. Cela suppose aussi, que l’on perde certaines sécurités. Jésus leur lave les pieds pour les envoyer à pieds sur les chemins de la vie, sur la route que l’Esprit Saint leur indiquera, dans la pauvreté comme lui-même l’a vécu. Par son geste, il invite les disciples à ne pas chercher les honneurs, mais plutôt à être serviteurs doux et humble de cœur, à son image.

PRIONS :

Seigneur Jésus,

Toi, qui a lavé les pieds de tes disciples

Apprends-nous à nous laver les pieds, les uns les autres

Apprends-nous l’humilité

Apprends-nous à nous aimer nous-mêmes

            Pour mieux aimer et servir nos frères.

Que l’Esprit Saint nous accompagne et nous guide

Tout au long de notre vie. Amen