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Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 22-25)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup,
qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes,
qu’il soit tué,
et que, le troisième jour, il ressuscite. »

Il leur disait à tous :
« Celui qui veut marcher à ma suite,
qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix chaque jour
et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie
la perdra ;
mais celui qui perdra sa vie à cause de moi
la sauvera.
Quel avantage un homme aura-t-il
à gagner le monde entier,
s’il se perd ou se ruine lui-même ? »

Méditation :

L’Évangile que l’Église nous donne, en ce deuxième jour de notre Carême 2020, a de quoi nous décaper. Les termes employés sont relativement rudes. Cela nous permet de mieux saisir le vrai sens du Carême. Ce temps nous est offert en vue de nous convertir plus résolument au Christ. Le suivre n’a rien d’un long fleuve tranquille ou d’un roman à l’eau de rose.

Choisir de suivre le Christ, c’est accepter de mener un combat spirituel. La conversion est toujours source de tensions, car elle mène à un changement de notre comportement, de notre cœur, de notre vision des autres… Ce n’est pas si simple de rompre avec nos mauvaises et vieilles habitudes.

Suivre le Christ suppose la persévérance mais aussi le renoncement à soi-même et la volonté de prendre sa croix. Tous, sans aucune exception, nous avons à renoncer à telle ou telle chose pour mieux mettre le Christ au centre de nos vies.

Il semble que l’Évangile nous invite dans notre chemin de conversion à méditer profondément sur deux pistes :

  • Jésus est bien le Messie annoncé par les prophètes de l’Ancien Testament. Cependant, il échappe à la conception que se faisaient les Juifs du Messie attendu. On pensait que ce dernier allait rétablir la paix en Israël en chassant l’occupant romain. Cette conception terrestre et politique du Messie est contrebalancée par la révélation que Jésus fait lui-même de sa personne.

 

Il est ce Messie qui devait souffrir, être rejeté et mourir sur la croix pour sauver l’humanité de la mort. Et par sa Résurrection, il offre ainsi la Vie éternelle à tous ceux qui se remettent à lui.

 

C’est à la lumière de la Résurrection que nous comprenons la « logique » de la croix. Jésus évoque bien son mystère pascal, sa mort et sa Résurrection comme source de salut pour tous les hommes.

 

Ce fait nous rappelle, en ce temps de Carême, que nous avons tous à convertir notre regard et notre conception du Christ. Le risque est bien réel de l’enfermer dans nos schémas préétablis : le Christ tel que nous le voyons ou tel que nous aimerions qu’il soit.

 

Il y a un appel clair à devenir des familiers des saintes Écritures. Saint Jérôme disait à juste titre : « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ ». Sans les saintes Écritures, nous ne pouvons pas entrer plus en profondeur dans le mystère du Christ et ainsi mieux découvrir son identité. Ce temps de Carême est plus propice pour nous mettre à l’école de la Bible.

 

  • Au centre de son message, Jésus nous révèle sa personne et ce qu’est être son disciple. Celui qui veut marcher à sa suite ne saurait le faire superficiellement.

 

Il ne s’agit pas que d’admettre certaines valeurs évangéliques, mais il faut vivre entièrement la folie même de la croix : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive ».

Lorsque nous évoquons la croix, il ne s’agit pas d’une spiritualité doloriste. La croix n’est pas une fatalité ou un malheureux évènement suite aux incompréhensions entre Jésus et les chefs religieux de son époque. Le Christ a sauvé l’humanité en ayant aimé les siens jusqu’au bout, jusqu’au pardon de ses bourreaux.

 

La croix exprime le don libre et total du Christ à tous les hommes : il les aime d’un amour démesuré et infini. Suivre le Christ, c’est accepter de vivre cette même folie de la croix.

 

Nous sommes ainsi renvoyés au commandement de l’amour mutuel : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Le choix du Christ ne peut pas être fait une fois pour toutes. Ce choix est à renouveler quotidiennement et ce temps du Carême nous exhorte à le faire.

Puissions-nous, durant ce temps de préparation vers la solennité de Pâques, fréquenter plus assidument les Saintes Écritures, pour découvrir le Christ tel qu’il est et non pas tel que nous voudrions qu’il soit pour nous.

Puissions-nous aussi mieux consentir au combat de la foi, prendre nos croix à la suite du Christ. Il est avec nous tous les jours, il nous l’a promis ! La croix du Christ n’enlève rien, elle donne tout ! Alors, à quoi allons-nous renoncer pour le Christ, en vue de sauver notre vie ?

Ensemble prions le Seigneur :

Seigneur Jésus, fais-nous comprendre que perdre à cause de toi, c’est gagner en vue du Royaume. Révèle-nous ce que nous devons renoncer pour toi : notre tranquillité, nos aises, notre amour propre, notre intolérance…

Toi qui nous aimes et qui règnes, aujourd’hui et pour les siècles des siècles.

 

Jeudi après les Cendres –  27 février 2020 – Père Rodolphe EMARD 

Lecture : Gilles Tecor

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