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La parole de Dieu

« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les amena à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux. » Saint Matthieu 17, 1-2

 

L’homélie

Jésus monte vers Jérusalem avec ses disciples et une foule, toujours plus nombreuse. Chemin faisant, il a fait part à ses disciples de son rejet prochain par les autorités religieuses et civiles, et même de sa mort imminente. Il a aussi précisé que ceux qui voudront le suivre auront à porter leur croix. Imaginez la déconvenue des disciples, eux qui ne s’attendait pas à cela, eux qui ont tout laissé pour l’accompagner, lui, qu’ils voyaient comme le Messie promis, le libérateur du peuple. Dans ce contexte, Jésus amène Pierre, Jacques et son frère Jean sur une haute montagne pour leur dévoiler plus clairement qui il est. Dans un langage imagé, plein d’allusions aux écrits de l’Ancien Testament, saint Matthieu décrit la scène. Le visage de Jésus « devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière ». Une manière de leur montrer que, dans la profondeur de son être, Jésus est divin. Moïse et Elie, qui représentent la Loi et les prophètes, sont aussi présents pour attester que Jésus est bien celui qu’ils avaient annoncé. Signe courant pour évoquer la présence de Dieu, de la nuée une voix se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! ». Une révélation de la part de Dieu pour faire connaître aux disciples le mystère intime de Jésus, et aussi ce qui va lui arriver bientôt : sa mort et sa résurrection.

Ne sommes-nous pas parfois, comme les disciples, désemparés et inquiets quant à l’avenir, lorsque nous ne comprenons pas ce qui nous arrive : un cancer, alors que la retraite est proche ; un mariage dont le rêve du grand amour s’est brisé ; ou encore la naissance d’un enfant handicapé… De quoi nous faire perdre nos repères, nous plonger dans la nuit. Mais une lumière, parfois imprévue, peut surgir dans la rencontre d’une personne, une expérience de prière apaisante, une parole d’Evangile, ou encore dans l’appel tout à fait inattendu de Dieu, comme celui qu’Abraham a reçu de quitter son foyer et sa parenté pour aller vers l’inconnu (Genèse 12, 1). Par bien des façons, le Christ et Seigneur sait nous apporter la lumière. Une lumière suffisante pour nous faire voir autrement Dieu, les autres, l’avenir. Pour transfigurer nos vies et nous permettre de marcher à sa suite vers Jérusalem.

C’est dire que, dans la société et l’Eglise de notre temps, nous ne sommes pas appelés à être des éteignoirs, mais bien plutôt des lampes, aussi modestes soient-elles, qui permettent de veiller et d’être attentifs aux manifestations de Dieu. Veillons donc à ce que l’amour -que l’on donne ou que l’on reçoit- illumine les regards et transforme la connaissance des autres et les attitudes que nous avons à leur égard. Quel visage du Christ donnons-nous à voir ? Quelle image du Christ nos communautés et nos rassemblements reflètent-ils ? Rayonnons de la présence du Christ lorsque nous acceptons de marcher à sa suite avec nos croix. Lorsque nous acceptons d’aller vers les autres pour les aider, les écouter, les aimer. Lorsque nous pardonnons à celles et ceux qui nous ont blessés. Lorsque nous consacrons du temps à la prière et à la méditation. Lorsque nous acceptons les épreuves dans la foi et l’espérance. Pas besoin de gravir une haute montagne pour rencontrer le Christ vivant et rayonnant. Mettons à profit les quarante jours de ce Carême 2017 pour nous faire une beauté intérieure, qui transparaisse sur nos visages.

 

Faisons maintenant monter cette prière de louange :

« Nous te louons, Seigneur Jésus, de nous avoir entraînés avec Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la transfiguration. Là, tu as levé le voile sur le mystère divin de ton être et nous savons que tu es le Fils bien-aimé de Dieu le Père. Nous te louons et te rendons grâce, Seigneur Jésus, de nous avoir fait entrevoir la Pâque, victoire de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort. Nous te louons de nous relever et de nous mettre debout pour redescendre et aller te rencontrer chez nos frères et sœurs en humanité. »

 

Diacre Jean-Marie Armand