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Si la doctrine spirituelle de Thérèse de Lisieux a permis un changement profond chez Léonie, il serait inexact d’affirmer qu’elle fut sa seule influence.

            Oui, Léonie fut disciple de la jeune Carmélite, mais elle fut aussi et d’abord Visitandine. Et à ce titre elle a bénéficié de la spiritualité toute emprunte d’abandon, préconisé par le Fondateur de la Visitation, Saint-François de Sales, aidé par Sainte Jeanne de Chantal.

            Léonie a donc appris la petite voie à cette double école de la spiritualité Salésienne et Thérésienne.

            Ceci dit, la petite voie n’est pas une pure création de Sainte Thérèse. Cette petite voie de confiance et d’abandon imprègne littéralement la spiritualité Salésienne.

            Dès son enfance, Léonie a été baignée dans cette spiritualité toute de douceur recommandée par le grand Evêque de Genève, François de Sales. Elle écrit dans le manuscrit A :

            « Ce que surtout j’avais remarqué c’était les progrès que papa faisait dans la perfection, à l’exemple de Saint-François de Sales, il était parvenu à se rendre maître de sa vivacité naturelle au point qu’il paraissait avoir la nature la plus douce au monde. »

            Ainsi à l’âge de dix-huit ans, Léonie a déjà adopté François de Sales comme un Père et un Maître de vie spirituelle. Au verso d’une image envoyée à Pauline à l’occasion de ses vœux le 1er Janvier 1882, elle joint ces quelques mots :

                        « Je désire que le Bon Dieu, par l’intercession de ce grand saint (François de Sales) comble ma petite Pauline de grâces et de bénédictions. »

            Après les inévitables hauts et bas des débuts de sa vie de religieuse, la petite voie va devenir une telle évidence pour Léonie qu’elle va quitter le port des sécurités humaines pour s’élancer toutes voiles déployées sur l’océan de la confiance :

            « Maintenant, je vais me lancer à pleines voiles dans la petite et très aimable « Voie » de ma céleste petite sœur. Comme elle, je veux toujours tenir la main de Jésus et me laisser porter par Lui. »

 

            Saint François de Sales et Thérèse de Lisieux méritent vraiment le nom de Docteur de l’Amour.

            Si trois siècles les séparent, on est frappé, au-delà du langage et des différences d’accent, par les similitudes de fond qui sous-tendent ces deux doctrines spirituelles :

             Humilité confiante, abandon de l’enfant, sanctification amoureuse des riens du quotidien. La voie d’abandon pratiquée par Léonie est donc le fruit d’une double filiation. Elle a parfaitement raison d’écrire :

            « Ma spiritualité est celle de ma Thérèse, et par conséquent, celle de notre Saint Fondateur. Sa doctrine et la sienne, c’est tout un. Elle est l’âme dont notre grand Docteur rêvait. Je suis dans un abandon parfait. Jésus viendra me voler quand il voudra. »

            A l’évidence, lorsque Léonie retient pour sa Consécration Religieuse le nom de Sœur Françoise Thérèse, ce choix n’est pas seulement motivé en souvenir de sa sœur Carmélite. Thérèse avait « prophétisé » la vocation de Léonie. Avant de mourir, elle  dit à sa sœur Marie du Sacré-Cœur :

            « Il ne faut pas se préoccuper des insuccès de Léonie pour son entrée en religion.

            Après ma mort, elle entrera à la Visitation, elle réussira et prendra mon nom et celui de Saint François de Sales. »

 

            Léonie n’est pas une visitandine ratée qui aurait mieux fait de rentrer au Carmel de Lisieux pour recevoir les leçons de sa sœur. Non, elle est une Visitandine aboutie. Si elle semble s’être mise à « deux écoles », tout ceci n’est qu’apparence, puisqu’au fond ces deux traditions spirituelles n’en font qu’une, pour ce qui relève du noyau dur de leur doctrine respective, à savoir la voie d’abandon.  Léonie écrit à ses trois sœurs Carmélites :

            «  Pour clôturer la glorieuse journée du 29 (avril 1923), notre Bienheureuse (Thérèse) est venu nous enseigner son aimable petite voie qui est identique avec la doctrine de notre grand et saint Docteur Saint François de Sales, nous en avons toutes été frappées. »

 

            Dans la même veine, Sœur Françoise Thérèse écrit pour sa résolution de retraite, fin octobre 1930 :

            « L’éclat des Filles de la Visitation, c’est de n’avoir point d’éclat et leur grandeur est la petitesse, dit notre Saint Fondateur.

            Que cela me ravit ! Il répond si bien à tous mes désirs, à mon idéal de perfection. L’humilité est ma seule planche de salut,  je l’aime par-dessus tout : j’ai soif de l’effacement, je veux, moi aussi, comme ma Thérèse, me passionner pour l’oubli. »

           

            La petite voie doit devenir progressivement un mode propre de fonctionnement, un nouveau style de vie. C’est à ce prix qu’elle en livrera ses effets bienfaisants et ses délicieux fruits.

            Il existe donc comme un « réflexe d’abandon » à cultiver en toutes circonstances, ceci afin de se rendre disponible aux inspirations de l’Esprit, de se livrer au plan providentiel de Dieu sur nos vies, et de s’abandonner à la divine miséricorde en cas de chute.

            La condition indispensable de l’abandon à Dieu consiste à accueillir avec douceur sa pâte humaine, faite de pauvreté, d’impuissances et de misères. Quel deuil à opérer pour l’âme éprise de perfectionnisme !

            Cette disposition intérieure de disponibilité n’est pas démission. Bien au contraire, se laisser prendre par Dieu suppose que la personne investisse toute sa volonté, manifeste une profonde détermination : « Jésus,  je veux ce que tu veux ! »

 

Prions avec Saint François  de Sales.

            Seigneur, apprends-moi à discerner les choses

                                   que je peux changer de celles que je ne peux pas changer.

            Donne-moi le courage de changer les premières

                                    et donne-moi la force de supporter les secondes.

 

Méditations Avent 2018 – Mardi 18 décembre 2018 – Noéline FOURNIER, Laïc