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Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort.

            L’Evangile demeure silencieux sur Marie. Qu’est-elle devenue le Samedi saint ? Nous n’en savons rien. « En effet, ils ne savaient pas encore que, d’après l’Ecriture, il devait ressusciter d’entre les morts. Les disciples s’en retournèrent chez eux » (Jn 20,9). Sans doute a-t-elle suivi Jean et rejoint les apôtres… 

            La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles.

            « Tout ce qui apparaît, en effet, est lumière. C’est pourquoi l’ont dit :           Eveille-toi, toi qui dors

            Lève-toi d’entre les morts,

            Et sur toi luira le Christ » (Ep 5,14).

            Dans le Credo nous affirmons : « Jésus est descendu aux enfers ».

            Le fait est attesté par toute la Foi de l’Eglise primitive.

            Pour chacun de nous, affirmer que « Jésus est descendu aux enfers » a une signification spirituelle profonde. Quel que soit l’enfer où nous descendions, Jésus nous y attend les bras étendus et le cœur ouvert.  Aussi bas que nous allions, Jésus nous y a précédé le Samedi Saint.  Il ne pouvait pas descendre davantage. 

            Dans la nuit du Samedi, Marie veille.

Ainsi, elle devient signe du Mystère de l’Eglise, tout au long du temps, lorsque la Foi désolée devient folie d’Espérance.

            L’Eglise, comme Marie, veuve et seule, est le signe au cœur du monde, du jusqu’au bout de l’Espérance. « Et l’Espérance ne déçoit point, parce que l’Amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous fut donné » (Rm 5,5).

            Mère Teresa souffrit intensément, et jusqu’à sa toute fin, d’une nuit spirituelle. Peu à peu, elle en vint à considérer les ténèbres dans lesquelles elle vivait, non seulement comme une participation à la Passion du Christ, mais aussi, en un certain sens, en tant que « aspect spirituel de son apostolat ».  Elle écrit :

« J’en suis venu à aimer ces ténèbres, car je crois à présent qu’il s’agit d’une partie, d’une très, très petite partie des souffrances de Jésus et de la nuit qu’Il a traversée. »

            Elle confie et répète plusieurs fois à son ami Mgr William CURLIN :

            « Quel merveilleux cadeau de Dieu de pouvoir lui offrir le vide que je ressens. Je suis si heureuse de le lui offrir. » Et plus tard, elle dira :

            « Qu’il fasse ce qu’Il veut avec moi…  Si ma nuit peut être lumière pour quelque âme… je suis parfaitement heureuse…  Priez pour moi ».

            Combien cela a-t-il dû lui coûter, par conséquent, de supporter cette longue nuit, qui lui donnait le sentiment de n’être ni aimée  ni acceptée.

            Mais quel soulagement, quand elle réalisa que c’était précisément à cause de l’opacité de cette nuit obscure qu’elle fut capable, à la fin, de porter quelque chose de la Lumière du Christ dans les « trous noirs des bidonvilles. « Quand je marche dans les bidonvilles ou quand j’entre dans les trous noirs, Notre Seigneur y est toujours vraiment présent ».

Marie a porté tous nos doutes, toutes nos désespérances, toutes nos angoisses devant la mort, devant les situations irréversibles, devant nos tombeaux fermés dont les pierres sont trop lourdes à rouler.

            Le Samedi Saint, Marie a expérimenté tout cela.

C’est pourquoi, comme une Mère, elle intercède pour nous, en particulier au moment où, nous aussi, nous passerons par le chemin étroit de la mort, vers la Vie.

            Jésus nous a laissé Marie comme Accompagnatrice de route pour nous aider à marcher Vers Lui. C’est l’étape ultime de sa maternité dans l’Esprit-Saint. Voilà pourquoi,  nous pouvons dire : « Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort. » Qu’elle nous apprenne à déposer nos peurs, nos doutes et nos défenses, et à marcher vers la Lumière, quelle que soit l’épaisseur de la nuit.

Méditons

          « Souvenez-vous que la Passion du Christ

                                   se termine toujours

                        dans la joie de la Résurrection.

                           Aussi, quand vous ressentez

                        dans votre propre cœur

                                   la souffrance du Christ,

            rappelez-vous que la Résurrection viendra,

            dans la joie du matin de Pâques.

                         Ne laissez jamais rien vous remplir

                                    ainsi de chagrin

                        jusqu’à vous faire oublier

                        la joie du Christ ressuscité ! »   Teresa de Calcutta

 Méditations Carême 2020 – Samedi Saint 11 avril 2020 – Noëline Fournier, Laïc

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