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« Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, sortit et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » Il lui répondirent : Jésus le Nazôréen ». Il leur dit : « C’est moi. » Or, Judas, qui le livrait, se tenait là, lui aussi, avec eux. Quand Jésus leur eut dit : « C’est moi », ils reculèrent et tombèrent à terre. De nouveau, il leur demanda : « Qui cherchez-vous ? » Ils dirent « Jésus, le Nazôréen. » Jésus répondit : « Je vous ai dit que c’est moi. Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez ceux-là s’en aller », afin que s’accomplit la parole qu’il avait dite : « Ceux que tu m’as donnés, je n’en ai pas perdu un seul. »  (Jn 18,4-9)

En effet, parti prier après le dîner dans un jardin des environs de Jérusalem, Jésus est arrêté.

            D’abord retenu dans la maison du Grand Prêtre, Jésus est ensuite présenté aux différentes autorités de Judée, le Sanhédrin (l’assemblée traditionnelle du peuple juif), Ponce Pilate (représentant de Rome, puissance occupante), et Hérode, le roi fantoche. Insulté, torturé, il est condamné à mort sous prétexte de s’être présenté comme le roi des juifs. Arrivé au mont du Golgotha, il est cloué sur la croix.  C’est ce drame, la « Passion » que commémore le Vendredi Saint, deuxième jour du triduum.

            Pour les chrétiens, ce jour-là Dieu se tait, laissant son Fils aller jusqu’au bout de son destin. « Le fils de l’homme  va être livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, lorsqu’il aura été tué, trois jours après, il ressuscitera »  Mc 9,31).

            Il serait aussi faux de regarder la Croix sans la Résurrection que de regarder la Résurrection sans la Croix ; car Celui qui ressuscite, c’est :

  • Celui-là même qui est mort et non pas qui a fait semblant de mourir,
  • Celui qui a souffert et non pas qui a fait semblant de souffrir,
  •  Celui qui a aimé jusqu’au bout et n’a pas fait semblant d’aimer.

Marie a suivi Jésus jusqu’au bout, jusqu’à la croix. Elle se trouve là avec quelques femmes et l’apôtre Jean.

 Où sont les autres ? Nous ne pouvons pas leur jeter la pierre. Nous-mêmes, il faut bien l’avouer, nous avons terriblement peur de la croix, peur de tout chemin qui risque d’aboutir au pied de la croix. En réalité, cette peur de la croix est au cœur de notre vie spirituelle et nous paralyse.

Qu’est-ce qu’avoir peur de la croix ? N’est-il pas normal de fuir le spectacle de la souffrance et de la détester ?

La Croix  est aussi le lieu de nos culpabilités. Or, nous avons appris, à juste titre, que la culpabilité était destructrice et qu’il fallait nous en libérer.

Mais, nous confondons facilement culpabilité et repentance. La culpabilité nous fait regarder à nous-mêmes et nous enferme dans notre péché, tandis que la repentance nous fait regarder à la Face du Christ et voir notre péché dans l’Amour du Cœur transpercé de Jésus. C’est radicalement différent. Nous voilà donc au pied de la croix sans savoir si nous allons y rester ou nous enfuir nous aussi. Seul, l’Esprit Saint peut nous faire demeurer dans la Paix devant le mystère de la Croix.

Marie entre dans la nuit. Elle entend les paroles de Jésus ; « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps. 22).

Marie, est là, dans le silence, dans la brisure du cœur, mais dans la Paix.

Marie est là, « debout ». Elle ne crie pas. Elle n’attire pas l’attention sur elle.  Marie ne dit pas : « Que vais-je devenir ? »

Marie n’attire pas l’attention sur elle, elle regarde Jésus. Combien de fois, quand nous croyons entrer en compassion avec nos frères, en réalité nous apitoyons-nous sur nous-mêmes ! Combien de fois nous ramenons à nous-même la souffrance des autres.

Marie, au pied de la Croix, nous apprend à nous oublier totalement pour être pur regard sur l’autre, pur accueil de la souffrance de l’autre.

La Compassion nous tourne vers l’accueil désintéressé de  l’autre. C’est pourquoi Marie est debout. Elle est forte parce qu’elle ne se regarde pas. La femme, selon la tradition Biblique, est forte et non faible. La femme est forte mais non pas dure, car la douceur s’enracine dans la force. Marie est là, debout et non pas effondrée. C’est la Femme debout qui rend Gloire à Dieu.

Marie vit ici sa deuxième Annonciation. A l’apôtre qui est au pied de la Croix à côté d’elle, Jésus dit : « Fils, voici ta mère » et à Marie : « Femme, voici ton fils ».

Abraham avait mérité, par son Obéissance et sa Foi, de devenir le père d’une grande multitude, « plus nombreuses que les étoiles du ciel » (Gn 15,5).

Ainsi Marie, Mère du nouvel Isaac, par son Obéissance et sa Foi devient ici, Mère de l’Eglise et de chacun de nous, l’Icône de ce Dieu-Miséricorde qui nous enfante à la Vie.

Nous venons à la croix avec Marie Première Sauvée.

            Tout ce qu’a reçu Marie, toute Grâce, si exceptionnelle qu’elle soit, lui vient par la Croix de Jésus. Elle est la Créature en qui la Miséricorde de Dieu s’est déployée avec le plus de Liberté et de Puissance. Marie, au pied de la Croix, nous conduit dans le Mystère du Salut parce qu’elle y est entrée la première.

            Nous qui avons été baptisés dans la Mort et la Résurrection du Christ, « si nous entendons sa voix, n’allons pas endurcir nos cœurs » (Ps 95,8). Il nous faut oser nous approcher tout près de la Croix, nous tenir au cœur de l’Unique Sacrifice représenté, c’est-à-dire rendu présent, dans l’Eucharistie, jusqu’à la fin du monde. Marie est là, Présente à la Présence.

 Méditation.

             « Je vous exhorte donc frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu. C’est là le culte spirituel que vous avez à rendre.  Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait »  (Rm 12,1).

 Méditations Carême 2020 – Vendredi Saint 10 avril 2020 – Noëline Fournier, Laïc

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