Prédication disponible en format audio.
« J’avais été invité à enseigner une introduction à la théologie chrétienne à la faculté théologique de la ville de Konya, la ville du célèbre poète sufi Rumi. J’ai loué un appartement dans un quartier populaire, puis ayant fait progressivement connaissance avec le voisinage, on m’a surnommé « le moine chrétien ». Un après-midi, en rentrant chez moi, je trouve un homme assis sur les escaliers en face de mon appartement, qui me dit : « Ma femme était passée par là, mais elle a trouvé votre porte fermée. » Je lui répondis que je ferme habituellement ma porte lorsque je ne suis pas. Il réplique : « Ne t’en soucie pas, les femmes du voisinage sont toujours dans les parages, et elles auraient su si quelqu’un avait cherché à entrer chez toi. Donc, inutile de fermer ta porte ! » J’obéis dès le lendemain afin de m’intégrer parmi eux. Ainsi, à mon retour, je trouvais souvent un petit plat cuisiné sur ma table, mes vêtements lavés et repassés, les draps changés. Sans jamais voir ni le visage ni les doigts de fée qui prenaient autant soin de moi.
Cela a duré six mois. Arrive la fin de mon séjour et le temps de retourner chez mes frères jésuites à Rome. A l’un des voisins, je lui formule ma demande de pouvoir remercier personnellement les femmes pour leur générosité. Il me répond : « Tu ne peux pas les rencontrer. Elles ne le font pas pour toi, mais pour Dieu, et Dieu qui voit tout ce que nous faisons, les récompensera. Le Coran nous enseigne que les moines représentent une des causes de l’amitié entre chrétiens et musulmans. Il est donc de notre devoir de les traiter avec gentillesse. » A moi, l’étranger au milieu d’eux, ces femmes m’ont appris qu’une vie partagée entre croyants de Dieu peut revêtir des formes très variées. Elles m’ont résumé de façon admirable le sermon du Christ sur la montagne, les Béatitudes : sois charitable, que ta main gauche ne se sache pas ce que fait ta main droite (Mt 6, 3)».
Prions :
En ce début de Carême, ouvre-nous à la même charité Seigneur :
charité de cœur, de corps et d’esprit.
Mets en nos âmes ta paix afin de pouvoir mieux t’écouter et te servir. Amen.
Père Pascal CHANE-TENG
Chemin de Carême, le 15 mars 2014