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CHEZ MARIE, la sainteté est équivalente à la beauté.
Créature d’exception, préservée de tout péché, Marie n’en demeure pas moins une créature. Elle se trouve donc dans une proximité immédiate avec tous les membres de l’humanité. En la donnant comme Mère à l’apôtre Jean, c’est en fait à chaque être humain que le Christ veut étendre sa maternité bienveillante.
C’est donc dans ce lien de « mère à enfant », qu’il faut situer l’action de Marie auprès de l’humanité. L’enfant est destiné à vivre dans le voisinage de sa mère, à recevoir d’elle quelque chose du rayonnement de sa beauté. Il est auprès d’elle dans une confiance totale, car le propre d’une mère est de reconnaître immédiatement son enfant et de lui faciliter le passage quand il se présente à la porte. Il n’y a pas meilleure « portière ». Marie porte du Ciel. Elle désire tant nous aider, mais surtout lorsque nous désirons revenir au Bon Dieu.
Quand on voit quelqu’un marcher vers le précipice, on lui barre la route, jusqu’à subir son incompréhension où même son rejet. Une mère ne peut agir autrement.
Le Dieu de l’Evangile est un Dieu de Vie. « Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisi donc la vie, pour que toi et ta prospérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t’attachant à lui : car là est ta vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre… » Deut. 30,15-20.
Contrairement à ce que pense certains : s’abandonner à Dieu n’est pas un acte de faiblesse mais un acte de courage.
La vie est dépouillement alors que nous croyons être nés pour la plénitude. Nous croyons être comblés et nous vivons l’épreuve du manque. C’est là le secret de l’Evangile, le secret de la Sagesse. Mais comme dit le proverbe : « la vieillesse arrive toujours trop vite, alors que la sagesse tarde à paraître. »
Or la véritable sagesse pour le chrétien, c’est l’ESPRIT SAINT. Il faudrait reprendre ici la phrase de Saint Paul qui écrit : « A Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir, à Lui, la gloire, dans l’Eglise et le Christ Jésus, pour tous les siècles ! Amen » (Ep. 3,20).
Nous rêvons d’indépendance et la vie nous rend dépendants. C’est bien à cette dépendance qu’il s’agit de trouver un sens. Elle est à vivre à tous les âges de la vie, car il s’agit de durer, de tenir bon. Un proverbe dit : « Si tu veux courir vite, cours tout seul. Si tu veux courir loin, cours avec les autres. »
Personne n’a envie de dépendre des autres, ni de Dieu. Et pourtant l’authentique réalisme spirituel se vit dans cet abandon.
Cette dépendance, ou cette expérience de dépossession de soi, peut nous conduire vers le désespoir et le néant ou le suicide. Il s’agit de l’orienter ver Dieu, de s’offrir entre ses mains pour qu’Il en fasse un chemin de Vie et non de mort à la suite de Jésus. C’est l’expérience douloureuse d’Adam dans le texte de la Genèse (Gn. 3,10). Cette nudité lui fait peur et il s’éloigne de Dieu. Il ne veut pas se présenter à Dieu avec ses faiblesses, son péché et Adam s’écrie : « J’ai entendu ton pas dans le jardin et j’ai eu peur. » Comme un oiseau blessé et apeuré qu’on voudrait prendre dans ses mains et pouvoir soigner et qui s’enfuit, ainsi en est-il de l’humanité devant Dieu. C’est la raison pour laquelle l’abandon est un authentique acte de Foi.
Sainte Thérèse de l‘Enfant-Jésus a emprunté le chemin de l’abandon. Y a-t-il meilleur témoin ? Il y a déjà sept ans qu’elle se trouve au Carmel de Lisieux et elle découvre ce mouvement d’abandon à travers l’image de l’ascenseur. Au moment de sa mort, elle dira : « J’ai été longtemps avant de m’établir à un degré d’abandon. Maintenant, j’y suis ; le Bon Dieu m’y a mise, il m’a prise dans ses bras et m’a posée là… » Elle avait découvert, dans le livre des Proverbes, cette parole de Dieu : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi. » « Ah, s’écrie Thérèse, jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m ‘élever jusqu’au ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela, je n’ai pas besoin de grandir, au contraire, il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. »
L’abandon entre les mains de Dieu est un chemin de Liberté et de Vérité. Il n’y a pas d’Amour sans Vérité comme il n’y a pas de Vérité sans Amour.
PRIONS :
Mon ciel est de rester toujours en sa Présence
De l’appeler mon Père et d’être son enfant
Entre ses bras divins, je ne crains pas ‘orage
Le total abandon, voilà ma seule loi.
Sommeiller sur son Cœur, tout près de son visage
Voilà mon Ciel à moi.
Poésie de Ste Thérèse de Lisieux n° 32, Mon Ciel à moi.
Noéline FOURNIER ; Laïc.