Prédication disponible en format audio.
« Si vous ne pardonnez pas à votre frère, du fond du cœur, le maître vous livrera aux bourreaux, jusqu’à ce que vous ayez remboursé tout ce que vous lui devez. » La conclusion de cette parabole est excessivement dure ! Le Seigneur se compare lui-même à un maitre qui livre ses débiteurs à la torture ! Il y a là quelque chose de choquant qui doit nous interpeller.
« Comparaison n’est pas raison » dit l’adage. Il ne faut pas tout prendre à la lettre dans une parabole mais plutôt chercher sa signification profonde. Or, ce que vise Jésus ici, c’est de répondre à la question de Pierre : « Combien de fois dois-je pardonner à mon frère qui faute contre moi ? » Jésus ne développe pas ici un discours théologique sur Dieu. Il ne nous dit pas que Dieu est un maitre qui torture les pécheurs. Non, Jésus raconte une histoire pour manifester la nécessité du pardon. Pardonner c’est vital ! Pardonner c’est une exigence indispensable. Et plutôt que de donner un ordre ; comme à son habitude ; Jésus préfère nous livrer un récit. Et que veut-elle nous dire, cette histoire ? Qu’est-ce qu’elle raconte ? Et bien, elle illustre, de manière imagée, ce qu’on pourrait appeler l’économie du pardon et de la grâce.
Oui, il y a une économie du pardon et de la grâce. Entendons-nous bien ! Il ne s’agit pas de marchandages ou de contrats mondains. Mais, il y a une cohérence du dessein divin, il y a une circulation de l’amour du Seigneur dans ce monde qui obéit à certaines lois. Chacun sait que la grande affaire de notre vie, c’est la croissance de la grâce. Autrement dit, tout l’enjeu de toute ma vie sur cette terre, c’est le déploiement de la vie de Dieu dans mon âme, la croissance de l’amour de Dieu dans mon cœur, c’est ça tout le travail de sanctification de l’Esprit Saint qui fait grandir en moi la foi, l’espérance et la charité.
Or, cette croissance de la grâce, de l’amour de Dieu en mon cœur, elle est profondément reliée à la manière dont je pardonne. Il y a une profonde interdépendance entre mes pardons et la grâce en mon cœur. En réalité, cette économie du pardon et de la grâce s’exprime dans une double dépendance.
Tout d’abord, et c’est le sens premier de la parabole de Jésus aujourd’hui, le refus du pardon fait obstacle à la grâce de Dieu. Dieu ne peut pas aimer en moi, Dieu ne peut pas répandre son amour en mon cœur, si je refuse de pardonner à mon prochain. Refuser le pardon, c’est refuser l’accès de mon cœur à l’Esprit Saint. C’est catégorique. Et catastrophique. Et cela explique sans doute pourquoi Jésus emploie des images aussi fortes pour exprimer cela. D’ailleurs, pardonner à ceux qui nous ont offensé, c’est la seule exigence que l’on trouve dans le Notre Père. C’est dire à quel point pardonner nous est indispensable.
Mais l’économie du pardon et de la grâce ne fonctionne pas seulement dans ce sens là. Le pardon n’est pas qu’un préalable à la grâce. En réalité, cela vaut surtout pour les petits pardons. Ceux qu’il faut répéter 70 fois 7 fois. Dans toute vie de famille ou de communauté, il nous faut pardonner et pardonner et pardonner encore. Et cela pour préparer nos cœurs à la grâce. Mais il arrive qu’on n’y arrive pas. Parfois, hélas, il arrive que les offenses que nous avons subies sont trop grandes, trop graves, trop douloureuses pour que l’on puisse pardonner. Et dans ce cas précis, la relation s’inverse. Ce n’est plus le pardon qui ouvre le chemin de la grâce, c’est la grâce qui ouvre le chemin du pardon. Autrement dit, quand je n’arrive pas à pardonner une faute de mon frère parce qu’elle m’a trop blessé. Il faut prier ardemment le Seigneur pour qu’Il me donne sa grâce pour pouvoir pardonner. Si je suis incapable de dire pardon, Lui le peut. Si je n’y arrive pas, Lui, il y arrivera. Car rien est impossible à Dieu.
Alors demandons au Seigneur d’entrer dans cette circulation du pardon et de la grâce ! Demandons à son Esprit Saint d’embraser nos cœurs de son amour pour que nous puissions inlassablement pardonner à nos frères et ainsi accueillir, à notre tour, son divin pardon. Amen.
Méditations Carême 2019 – Mardi 26 mars 2019 – Fr. Clément Binachon O.P.
Vous pouvez nous envoyer vos demandes de grâces et intentions de prière en répondant dans l’espace de commentaires. Elles seront recueillies et portées en intention à la messe du weekend à la Cathédrale de Saint Denis. Nous vous invitons aussi à partager cette méditation avec vos amis.
Bonjour ,
MERCI , oui il faut toujours pardonner. Ce n’est pas évident, mais nous le pouvons soit par nos propres moyens d’ici-bas, soit par la Grace du Seigneur et la puissance de l’Esprit Saint.
Pardonner c’est la plus grande preuve d’amour – Ne pas pardonner c’est ne pas aimer .TOUT PARDON EST POSSIBLE.
Merci pour vos interventions.
Belle journée de carême à vous
Albert