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« Qu’est-ce que la gloire de Dieu ? », écrit le P. Bernard Sesboüé ? « C’est Dieu lui-même qui manifeste au dehors de lui sa puissance, sa sainteté, son dynamisme ». Si « maintenant », nous dit ici Jésus dans l’Evangile de ce jour, « le Fils de l’homme est glorifié, et si Dieu est glorifié en lui », c’est que, avec lui et par lui, le Mystère du Dieu « Amour » s’est pleinement manifesté…

Juste avant cette déclaration, « Jésus fut troublé en son esprit, et il attesta : « L’un de vous me livrera » » (Jn 13,21). Il le sait, Judas va le trahir… « Déjà, le diable avait mis en son cœur le dessein de le livrer » (Jn 13,2). Pourtant, Jésus va lui donner la première bouchée du repas, le désignant ainsi à tous les convives comme son invité d’honneur (Jn 13,26)… A la trahison, Jésus répond par l’amour…

Plus tard, Judas guidera les soldats au mont des Oliviers pour qu’ils puissent l’arrêter. L’un des disciples dégainera son glaive, frappera le serviteur du Grand Prêtre et lui enlèvera l’oreille droite. Mais Jésus leur dira : « « Restez-en là. » Et lui touchant l’oreille, il le guérira » (Lc 22,47-51). A la violence, Jésus répond par l’amour…

Puis il sera crucifié, « ainsi que deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche ». Et Jésus dira : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,33-34). A la haine et à la cruauté, Jésus répond par l’amour…

Et il invite tous ses disciples à faire de même : « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. » Le « comme » est capital… Jésus est notre exemple. Lui, le Fils, il est toujours de cœur « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), accueillant son Amour de Père, « demeurant en son amour » (Jn 15,10). Or, « aimer » pour Dieu est synonyme de « se donner soi-même », en tout ce qu’Il Est. De toute éternité, le Père Amour est ainsi Don de Lui-même au Fils qu’il aime, Don de tout ce qu’Il Est en Lui-même, et Il Est Dieu, Il Est Lumière… Le Fils est ainsi éternellement « Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière ». Tout ce qu’Il Est, il le doit à son Père… Sans son Père, il n’est rien, il ne peut rien… « Je ne puis rien faire de moi-même » (Jn 5,19.30). Je ne peux donc « aimer » de moi-même. A la trahison, à la violence, à la haine et à la cruauté, je ne peux, par moi-même, répondre par l’amour… Et il en est de même pour nous : sans notre relation de cœur avec Jésus, tournés vers Lui dans la prière, sans ce Don d’Amour qui ne cesse d’être proposé à notre foi, nous ne pouvons rien par nous-mêmes…

« Demeurez en mon amour », nous dit-il, un amour gratuit, un amour pur, un amour qui ne cesse de vouloir notre bien, et donc d’agir en conséquence, car « tout ce que Dieu veut, il le fait » (Ps 135). Nous sommes perdus ? Il nous cherche jusqu’à ce qu’il nous retrouve (Lc 15,1-7)… Nous sommes dans les ténèbres ? Il vient nous y rejoindre et il nous offre sa Lumière qui « règne dans les ténèbres sans que celles-ci ne puissent la saisir » (Jn 1,5), et cette Lumière nous montrera encore et encore le chemin à suivre (Ps 36,10 et Jn 8,12 ; Jn 14,6 ; Mc 2,14). Notre cœur est souillé par toutes sortes de misères ? Il nous purifiera (Ez 36,24-28)… Nous sommes dans la faiblesse ? Il nous fortifiera (2Co 12,7-10)… Ainsi est l’amour pur de Jésus, toujours offert, toujours bienveillant, dans la seule recherche du meilleur pour chacun d’entre nous…

En prenant appui sur lui, tout est toujours possible… Mais si nous comptons avant tout sur nous-mêmes, comme Pierre ici, « je donnerai ma vie pour toi ! », la chute et le constat de notre faiblesse n’en seront que plus douloureux… Pierre pleurera amèrement après ses trois reniements prédits ici par Jésus… Mais il saura laisser « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » accomplir en son cœur sa mission de Sauveur (Jn 1,29 ; 4,42). Relevé et relancé par la Miséricorde Toute Puissante de Dieu, s’appuyant désormais sur Lui, il donnera sa vie pour le Christ et son Evangile… L’obélisque, située maintenant au cœur de la Place St Pierre à Rome, devant la Basilique, en fut témoin…

Prions

Seigneur Jésus, sans toi nous ne pouvons rien…

Que ce constat de notre impuissance ne nous décourage pas, mais au contraire, qu’il nous fasse grandir dans la certitude que nous avons besoin de toi, toi qui es toujours fidèle (2Tm 2,13), toujours offert, car sans toi, notre vie tombe en ruines… Mais avec toi, tout est toujours possible… Que ta paix triomphe alors dans nos cœurs (Jn 14,27 ; Col 3,15)), et que ta joie douce et discrète (Jn 15,11 ; Mt 11,28-30) soit dès maintenant, dans la foi, notre réconfort…

Diacre Jacques Fournier, Mardi Saint, 11 avril 2017