Prédication disponible en format audio.
A quelques encablures de Noël, sur la route qui mène au Christ Sauveur des hommes, cheminons en compagnie d’une beauté tant morale que spirituelle ; elle a pour nom amitié. Dans son traité intitulé « Des devoirs », Saint Ambroise de Milan lui a consacré un très beau chapitre. Modestement, notre méditation en ce jeudi 24 décembre suivra son cours à la manière d’une de ces « Hymnes ambrosiennes » sur la Nativité de Jésus, concise, poétique, théologique qui honore encore notre liturgie. Mais en prélude, petit extrait de ce que saint Ambroise nous dit de l’amitié.
« Qu’est-ce qu’un ami, si ce n’est un partenaire d’affection, à qui l’on associe et joint son âme, à qui on la mêle de telle sorte que l’on veuille devenir, de deux êtres, un seul, à qui, autre soi-même, on se confie, de qui l’on ne craint rien, de qui on ne demande rien pour son propre intérêt, qui ne soit beau moralement ?… L’amitié est en effet une vertu, non pas un bénéfice, car elle est encadrée non par l’argent mais par l’agrément, non par une mise aux enchères des avantages, mais par un rivalité de bienveillance. »
Ne m’en veuillez pas d’ouvrir cette méditation par une référence aux Romains et aux Grecs, à Marc-Aurèle ou à Démosthène par exemple, qui avaient élevé l’amitié au rang de vertu morale intrinsèque. L’Ancien Testament voyait en l’amitié fidèle une valeur sûre, inestimable, sur laquelle la patine du temps n’a pas de prise.* Pensons à l’amitié spontanée et inaltérable qui unit David et Jonathan.** Au cœur de l’humble mangeoire de la crèche, Dieu ne nous a-t-il pas envoyé son Fils, se montrant ainsi l’ami des hommes ?*** Aux yeux du Père céleste, toute amitié doit se parer de ces joyaux éclatants qui ont pour noms constance, loyauté, charité, sincérité, et ne pas se révéler décevante ni entraîner au mal. Apprenons à aimer à la manière de Jésus qui a donné à l’amitié un visage de chair en aimant ainsi Lazare et le jeune homme riche. Et si, au fil du temps, comme le préconise le Siracide, nous apprenions à bonifier l’amitié pour en faire un vin de joie !**** Il est infiniment souhaitable, comme le dit saint Ambroise, que nos amitiés soient des « amitiés de pauvres bien souvent meilleures que celles des riches »*****. Que ce Noël 2020 fasse de nous des chantres de « l’amitié sociale » selon l’expression du pape François******. Cette amitié sans horizons ni frontières qui consiste à s’unir, malgré les différences sociales, culturelles ou religieuses, pour agir en vue du bien commun. Paix sur terre à l’amitié des hommes de bonne volonté !
Avec Ambroise, saint évêque de Milan, prions maintenant le Fils de l’homme : Seigneur Jésus, Sauveur des hommes, à quelques heures de ta venue parmi nous, donne à nos amitiés les couleurs véritables de l’amour, de la solidarité et de la fraternité. Nous t’en prions : fais qu’en ce monde changeant, pressant et agressif nos cœurs brûlent toujours de cet amour fraternel, à jamais notre idéal et notre force. Bénis sois-tu, Seigneur. A tous, un saint et joyeux Noël.
*Siracide 6, 15s et Proverbes 17, 17
**1 S 18, 1-4
***Epître à Tite 3, 4
**** Siracide 9, 10
*****Saint Ambroise, Des Devoirs III, 22
******Pape François, encyclique Fratelli tutti, n.117s
Méditation du Jeudi 24 décembre 2020 – Diacre Jean-Marie Armand
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