Prédication disponible en format audio.

Le risque est grand de se considérer juste par rapport aux coupables. Jésus a créé une parabole, celle du Pharisien et du publicain (Luc 18, 9-14), pour nous faire prendre conscience des sentiments de suffisance et de mépris qui peuvent habiter notre cœur. Le Pharisien, contant de lui-même, se compare aux voleurs et adultères pour se féliciter de ses œuvres : aumônes, jeûnes et prières ; tandis que le publicain, lucide sur ses fautes, n’ose même pas lever les yeux au ciel : « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! ».

Le risque est grand de se barricader derrière quelques pratiques religieuses sans goûter à la grâce et à la miséricorde de Dieu.

La figure du Pharisien demeure d’actualité. L’homme contemporain se montre rapide pour dénoncer et critiquer le comportement d’autrui en même temps qu’il se dit juste.

Pharisien_publicain

À l’occasion de Noël, les équipes catholiques des centre pénitentiaires de La Réunion, ont fait appel à la générosité des fidèles afin d’offrir un colis non seulement aux détenus catholiques mais à tous les détenus. Catholique veut dire « universel ». Ce n’est pas catholique que de donner uniquement aux catholiques. Nombreux sont les catholiques qui ont permis ce cadeau de Noël par leur générosité joyeuse. Néanmoins, d’aucuns n’ont pas hésité à rejeter ce geste de miséricorde invoquant la culpabilité des détenus et la justice : « Ils n’ont qu’à payer pour leurs actions. C’est bien fait pour eux ! Ils l’ont mérité ! ».

Le père Lataste (1836-1869), dominicain, apôtre dans la prison des femmes de Cadillac en Gironde, décrit dans une formule ramassée son expérience de la miséricorde universelle, catholique, de Dieu : « La main qui a relevé les unes est la même qui a préservé les autres de tomber »[1].

C’était déjà l’expérience de saint Paul : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifier comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (I Corinthiens 4,7). D’où son exhortation : « Que celui qui se flatte d’être debout prenne garde de tomber » (I Corinthiens 10,12).

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, docteur de l’Église, avait aussi bénéficié « par avance » -disait-elle- de la miséricorde divine qui l’avait préservée de tomber. Inspirée par la miséricorde, elle avait pensé à se faire religieuse, au cas où le Carmel ne l’aurait pas acceptée, dans l’œuvre du Refuge qui accueillait des anciennes prostituées, se disant  que son bonheur aurait été de passer pour une « fille repentie »[2].

 

Prions

Seigneur Jésus, nous te rendons grâce pour tant de grâces reçues qui nous ont relevés ou empêché de tomber.

Seigneur Jésus, nous te demandons pardon pour notre aveuglement qui nous rend durs et sans miséricorde.

Seigneur Jésus, nous te prions de faire de nous des apôtres de ta miséricorde à la suite du père Lataste.

 

[1] Monique Longueira. Le père Jean-Joseph Lataste, dominicain, apôtre des prisons. Paris. Nouvelle Cité. 2012. P. 55.

[2] Thérèse de Lisieux. Photographies de Helmuth Nils Loose. Texte de Pierre Descouvemont. Présentation de Daniel Leprince. Paris. Cerf. 1991. P. 30.

 

Fr. Manuel Rivero O.P. – Temps de l’Avent 2015